Anamanaguchi nourrit depuis vingt ans un goût particulier pour les sonorités 8-bit produites par les vieilles consoles de jeu telles que la NES ou la Game Boy, une forme synthétique que le quatuor new-yorkais utilise à bon escient afin de remodeler des compositions pop et rock avec essentiellement les années 90 dans le rétroviseur (ils ont notamment repris à la sauce chiptune le
Territorial Pissings de
Nirvana et le
Stay Home d'
American Football). Pour ce nouvel album, le groupe a décidé de sortir le grand jeu, de muscler le jeu même : voici une douzaine de morceaux explosifs bien éloignés de l'électronique 8-bit, parfois si calibrés qu'ils donnent l'impression qu'
Anamanaguchi a souhaité rentrer dans le rang en s'alignant sur tout ce qui cartonne – toutes proportions gardées – dans l'indie-rock d'aujourd'hui.
Cela pourrait être un reproche, ça l'est en partie, mais disons qu'
Anamanaguchi a perdu en singularité ce qu'il a gagné en efficacité, assez redoutable pour pleinement nous convaincre au moins une chanson sur deux. On retiendra entre autres l'ouverture shoegaze
Sparkler, une flopée de morceaux survitaminés flirtant avec le rock college radio (
Magnet et
Lieday) voire l'emocore (
Fall Away), ou encore l'excellente
Valley of Silence et ses faux airs de
The Cure. De quoi être curieux pour la suite.