Le constat peut paraître un peu froid, mais il n’en est rien : la musique, comme tout art, n’est qu’un éternel recommencement. Ce n’est pas bien grave en soit : cela permet de découvrir et redécouvrir une foule de choses au gré des années. Il n’y a qu’à voir l’essor autour de
Deftones de par des adolescents qui n’étaient même pas de ce monde à l’époque de l’album éponyme. Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui, puisque l’on va davantage parler de "nu-grunge" ou quelque chose comme ça… Peu importe le flacon tant qu’on a l’ivresse comme dirait l'autre. Et d’ivresse, il n’en est que trop question avec ce nouvel EP de
Comet, flamboyante déjà derrière les incroyables EPs "Wake Up Clean" et "Two Winged". Petit rappel des faits : c’est tout simplement une des meilleures choses à découvrir si vous êtes nostalgiques d’une certaine idée des années 90-2000 ou bien en quête de sensations fortes. Rien que ça.
Imaginez donc : en 12 titres, la native de Londres lorgne autant du coté de
Queen Adreena, en plus ciselé toutefois, que du lyrisme noir d’
Akira Yamaoka, l’homme derrière les B.O de Silent Hill. C’est quand même pas banal, et foutrement bienvenu, d’autant plus avec la profondeur de cette voix au timbre profond capable de si belles nuances. Et tout reste encore à faire parce qu’avoir du talent, c’est bien mais ne pas se reposer sur ses acquis, c’est mieux.
Comet aurait pu se contenter d’une suite logique, de creuser la noirceur, la mélancolie et toutes les thématiques autour mais il en est finalement autrement, et c’est aussi bien, si ce n’est mieux. Qu’on ne se méprenne pas pour autant : la musique n’est pas devenue festive mais, à l’image de sa pochette d’une belle simplicité, la lumière se laisse apercevoir au bout du tunnel.
Dès
Opium, il y a quelque chose de palpable en plus de ce qu’on pensait connaître du personnage. Le son semble un peu plus clair, créant un contraste assez délectable avec la voix de la désormais New Yorkaise. Le refrain arrive, démontrant tout son potentiel d’accroche, et le temps qu’on se le dise, le morceau s’achève en nous laissant déjà admiratif.
The Hard Way, indéniablement le grand morceau du disque se dévoile tout en crescendo, laissant penser à une pseudo ballade de milieu d’après-midi, où la supposée luminosité de son ambiance laisse place à un déluge d’émotions inattendues. N’hésitez pas à compléter ça par le visionnage du clip, cristallisant parfaitement cette espèce de mélancolie joyeuse, aussi savoureuse que difficile à définir.
Vain Memoirs and a Love Psalm prend quant à elle le temps de se dévoiler et semble presque être une envoutante interlude. Sans trop en dire, il apparaît rapidement évident que les apparences sont trompeuses. C’est d’ailleurs amusant de se rendre compte que
Winona II propose relativement le même format de morceau, sans que cela soit redondant pour autant. Tout est en effet dans la nuance, l’interprétation et ce final quasi post-rock qui finit le disque dans un élan de beauté tout simplement saisissant.
Comet étant encore relativement peu connue du public, il est difficile de trouver des interview où elle développe son propos et son ambition. Toutefois, elle semble définir le thème de cet EP comme tournant autour du fait de quitter quelque chose pour construire des choses meilleures, se définissant même comme "dix fois médaille d’or" dans cette discipline. On veut bien la croire, tant ce qu’elle semble préparer pour l’avenir paraît prometteur.
Chroniqué par
Domino
le 12/07/2025