Glory Fades signe la troisième collaboration entre Yair Elazar Glotman et Mats Erlandsson, deux compositeurs suédois évoluant dans les sphères pointues de la musique minimaliste et nous ayant déjà offert deux œuvres plutôt captivantes mais dont l'esprit n'est pas forcément à la fête. La première, Negative Chambers (2017), était une errance mettant l'accent sur la porosité des instruments et pouvait évoquer des images cinématographiques proches de l'atmosphère charboneuse et de l'état méditatif des derniers chefs d'œuvre du réalisateur hongrois Béla Tarr (Satantango, Les Harmonies Werckmeister, Le Cheval de Turin). La seconde, Emanate (2020), évitait la redite en plongeant pleinement dans un bain électro-acoustique flirtant avec les anciens travaux d'Eliane Radigue ou encore de La Monte Young.
Dès le beau At Ends ouvrant presque ironiquement l'album, Glory Fades semble quant à lui revenir aux sonorités instrumentales de Negative Chambers et avance sur un fil tout aussi ténu mais son minimalisme se joue cette fois dans des silences suspendus à chaque note vacillante. Mats Erlandsson restreint la présence de sa guitare acoustique à quelques magnifiques motifs en arpège tandis que la double basse de Yair Elazar Glotman donne la pesanteur nécessaire à ces nouvelles compositions boisées toujours au bord du gouffre. Entre deux leçons magistrales de "less is more", Glory Fades atteint également des sommets de mélancolie : Copper Entries et la ritournelle The Grinding Wheel ci-dessous, On the Folding of Leaves, ou encore la sublime Pale Stars et ses notes de piano étendues dans le temps à la manière d'Arvo Pärt.
Chroniqué par
Romain
le 12/02/2025