Tout a peut-être déjà été dit et redit au sujet de l'époustouflant saxophoniste canadien Colin Stetson mais, au risque de se répéter, chacune de ses sorties vaut vraiment la peine d'être évoquée, ne serait-ce dans le but d'atteindre quelques oreilles néophytes et pourquoi pas convertir celles et ceux qui n'auraient pas encore goûté à la nature quasi chamanique de cet artiste hors-norme. Sans surprise, ce nouvel album massif que nous offre Colin Stetson seulement un an après le non moins imposant When We Were That What Wept For The Sea reste une expérience sonore s'adressant autant à notre corps qu'à notre âme, expérience redoutable se confirmant d'ailleurs pleinement sur scène pour les chanceux ayant pu assister à l'une de ses prestations live.
Plus sombre et suffocant que son prédécesseur, sensiblement drone par moment, The Love It Took To Leave You est un album qui ne dépaysera pas les connaisseurs du musicien mais qui offre une palette assez riche de son univers gargantuesque en proposant par ailleurs quelques compositions s'éprouvant sur la longueur (près de 10 minutes pour Malediction, plus de 21 minutes pour Strike Your Forge and Grin). Une fois de plus, Colin Stetson réveille et libère les bêtes indomptables qui sommeillent dans son instrument à travers la vélocité et la férocité de son jeu. Celles-ci s'échappent en galopant à toute vitesse puis prennent leur envol en poussant des rugissements de rage et de désespoir.
Chroniqué par
Romain
le 21/09/2024