The Necks

Chaque album récent de The Necks semble porter un nom qui, en un simple mot, pourrait renvoyer à l'une des particularités de leur musique. Ainsi, après la sensation de vertige (Vertigo), l'unité d'un corps (Body), certes tricéphale, ou encore le fait d'être trois (Three) musiciens ouverts (Open) d'esprit (Mindset), le trio de "jazz transcendal" Australien a choisi Travel ("voyage") pour nous présenter son 19ème album en plus de trente ans de carrière. Si on vous épargnera des expressions toutes faites telles que "la musique de The Necks est une invitation au voyage" et autres références malvenues à Desireless, il faut toutefois admettre que cette désignation sied parfaitement aux compositions de ce groupe majeur tant celles-ci nous apparaissent comme des voyages au sens littéral du terme, soit un (très) long cheminement se déplaçant – subrepticement pour leur part – d'un point A vers un point B. Musicalement parlant, ça va sans dire.

Travel s'inscrit dans la famille des œuvres de The Necks scindées en plusieurs morceaux et propose quatre pièces d'environ 20 minutes mettant à l'honneur la maestria du trio dans le domaine de l'improvisation live et dans cette synergie exemplaire qui anime Chris Abrahams (piano), Lloyd Swanton (basse, contrebasse) et Tony Buck (batterie) entre eux, synergie pour laquelle on se demande toujours un peu comment tout ça fonctionne. Ces quatre nouvelles compositions ne permettront pas de percer le mystère des forces qui intéragissent entre les trois membres de cette formation avant-gardiste mais offriront à l'auditeur quatre voyages disctincts faisant défiler autant de paysages intérieurs aux formes abstraites et insaisissables, pas si éloignées du mantra, jusqu'à un atterrissage extatique (Bloodstream) en fin de trajet. Sublime, pénétrant et fascinant à la fois, le Travel de The Necks nous rappelle d'abord que la destination compte moins que le voyage en lui-même et révèle surtout un groupe toujours en pleine possession de ses moyens.