Après les sexagénaires de Yo La Tengo, c'est un autre papy célèbre de l'indie rock new yorkais que l'on retrouve maintenant : Lee Ranaldo, le George Harrison de Sonic Youth (car peu de chansons par album mais souvent les meilleures, même pour les b-sides). Habitué à rejoindre diverses collaborations comme autant d'explorations sonores allant de la noise au spoken words, il accompagne aujourd'hui le Wild Classical Music Ensemble, sextet belge emmené par le batteur et artiste autodidacte Damien Magnette et constitué de personnes atteintes d'handicaps mentaux tels que l'autisme et la trisomie.
Cette rencontre atypique permet de réaffirmer une pensée nous ayant sans doute auparavant traversé l'esprit sans oser l'admettre. À savoir que les expérimentations noisy des membres de feu Sonic Youth n'ont jamais été aussi percutantes que lorsqu'elles se frottent à d'autres univers sur des projets collaboratifs passionnants. Par exemple avec les punks de The Ex dans le studio In The Fishtank, avec Jim O'Rourke et Ikue Mori de DNA sur leur label SYR, avec le saxophoniste suédois Mats Gustafsson et le bruitiste japonais Merzbow lors d'un live mémorable et même avec notre Brigitte Fontaine nationale.
Débarassé des oripeaux d'une certaine pose arty dans laquelle s'est parfois englué l'ancien groupe de Lee Ranaldo à partir des années 2000 (la compilation de fonds de tiroir In/Out/In sortie l'année dernière était d'ailleurs une catastrophe), le guitariste semble retrouver avec le Wild Classical Music Ensemble une seconde jeunesse sonique en revenant à de l'improvisation pure et une certaine forme d'art brut ouverte à toutes propositions, à tous débordements. En résulte un troisième album dans la pure tradition no-wave composé de trois pièces intenses, vivifiantes, poétiques (Le Fond du Cœur) et, comme son nom l'indique, aux portes d'un purgatoire électrique dantesque (The World is Hard for Me).
Chroniqué par
Romain
le 18/02/2023
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