En tant que membre de
Rome Buyce Night, je côtoie les
Son of Frida depuis 2005. Une relation étroite nous lie depuis ce temps. Au point d’avoir collaboré dans le cadre d’un album associant nos deux groupes au sein d’une même formation.
Au point aussi d’avoir publié dans le cadre du label
Zéro égal petit intérieur, que nous avons créé au sein de
Rome Buyce Night, l’album solo d’
Emboe, guitariste de ladite formation. Bref notre proximité est évidente. Notre amitié aussi, il est difficile de s’associer sans en avoir envie, sans en avoir le plaisir.
On suit leur carrière discographique depuis la publication de leur
ep 25 Days. On a pu apprécier leur évolution avec en point d’orgue
The Bulgarian Lp, leur précédent album. Alors, on attendait avec enthousiasme la sortie de ce nouvel album en ayant la sensation que quelque chose se passerait. C’est à ce titre qu’Antoine, Jérôme, Romain et moi même avons décidé de leur donner un coup de main pour la sortie de cet album. Une aide modeste, exercée en collaboration avec le collectif
En veux tu ? En v’là ! qui s’est fait connaître dans le milieu alternatif parisien en programmant plus 200 dates depuis sa création, et qui a décidé de suivre quelque formations triées sur le volet dans le cadre d’un label créé il y a peu.
Bref
Sons of Frida a au gré de son évolution pris le temps de mûrir avec patience. Le groupe a progressivement glissé du post-rock qui animait leurs compositions au moment ou nous faisions connaissance avec le noise rock le plus direct et le plus décomplexé. Si
The Bulgarian Lp, œuvrait déjà dans le même répertoire, il n’en demeure pas moins que ce dernier n’intervient pas dans la même cours que ce
Tortuga. D’un disque prometteur mais scolaire dans la production, le groupe nous propose désormais une œuvre accomplie et maîtrisée.
Une œuvre assumée et décomplexée, avec une production enfin à l’image de leurs compositions. Et ce grâce à l’intervention d’un
Julien Camarena, co- fondateur du duo
witch house Unison, qui a eu le bon goût et l’inventivité de passer le répertoire du groupe à la moulinette. Afin de véritablement réinterpréter en solitaire les séances d'enregistrements effectuées par le groupe. Un pari osé et gagnant qui consiste à confier son bébé à une personne de confiance et dont la mission consiste à vous trahir pour la bonne cause. Comme pour mieux faire ressortir ce que le groupe n’avait été en mesure d’exprimer par lui même. Chose est sûre, c’est qu'en matière d’accouchement, la présence d’un intervenant extérieur est généralement recommandée si on veut se garantir une véritable réussite. Et c’est peu de dire que ce dernier a véritablement su transcender des compositions déjà excellentes.
Un album court, moins de 30 minutes avec en prime un titre de clôture de plus de 10 minutes en forme d’ego trip (comme le montre le
clip vidéo) cauchemardesque et décalé. Une manière de prendre de la distance avec un répertoire efficace et exécuté avec le plus grand des sérieux. Un paradoxe quand on connaît la personnalité attachante et décalé des membres de cette formation. Mais il est vrai qu’ en matière de musique on ne plaisante pas avec ses tripes. Car pour eux la musique n’est pas un loisir, et encore moins une posture, le rock exercé dans l’ombre est toute leur histoire, toute leur âme. Et c’est ce qu’on a toujours retrouvé et aimé dans leur composition. Et à ce jeu de l’intégrité, quand l’excellence vient se mêler à la danse, le résultat ne peut être que salué, même en dépit d’un certain conflit d’intérêt.