Originaire de Lausanne en Suisse et actif depuis une bonne vingtaine d'années, Ventura est un trio de noise rock qui revient maintenant à la charge au rythme d'un album tous les cinq ans, privilégiant ainsi le qualitatif au quantitatif comme en témoigne ce Superheld en forme d'obus longuement affûté. Moins intense émotionnellement que son prédécesseur Ad Matres, disque creusé par le deuil d'une mère disparue, ce nouvel album marque néanmoins d'emblée par cette identité sonore très identifiable que le groupe a parfaitement su préserver au fil du temps. Car Ventura c'est d'abord un son, un "gros son" dira t-on mais qui n'en est pas vraiment car la lourdeur de leurs compositions reste souvent altérée par une certaine grâce passant notamment par la voix apaisée du chanteur (Most Arts) et des guitares parfois cleans (Dwell) voire sèches (Freeze in Hell) venant paradoxalement malmener ce petit monde de brutes en y apportant la dose de contrastes et de subtilités nécessaire.
Plus que la lourdeur, c'est ici la vivacité qui gagne l'album, son dernier tiers s'emballe d'ailleurs dans une course assez folle (Patron Saint et son riff quasi metal, Obviously). Mais avant cela, Ventura nous aura violemment balladé d'un bout à l'autre de son univers à la fois savant et sauvage et, comme pour chacun de leurs albums, aura également su soigner sa sortie puisqu'après Ad Matres qui s'achevait en louchant vers Zelienople (Nothing's Gonna Change My Love for You (I'm Afraid)), Superheld ralentit également le tempo avec la sublime From Evil et ses faux airs de Codeine. De quoi patienter encore cinq ans.
Chroniqué par
Romain
le 12/03/2025