Voilà un retour que l'on n'osait même plus espérer, celui de la géniale songwriteuse folk américaine Edith Frost, autrice de quelques somptueux albums sortis aux alentours de l'an 2000 et absente depuis 2005 pour des raisons de troubles neurologiques ainsi qu'une certaine distance prise volontairement avec l'industrie musicale. Des dires de la principale concernée, ce cinquième album tardif serait constitué pour un tiers de chansons écrites récemment (Nothing Comes Around, Little Sign, Something About the War plus que jamais d'actualité) et pour le reste d'anciens morceaux inédits réarrangés à l'occasion. En résulte une œuvre nous paraissant à la fois si loin et si proche, et forcément si précieuse pour cette émotion à fleur de peau qu'elle a su conserver après tant d'années et que l'on retrouve aujourd'hui intacte dans la belle étreinte musicale qu'offre ce In Space.
Edith Frost a su très bien s'entourer pour ancrer ce nouvel album dans un certain terroir americana (Hold On) puisque l'on retrouve à ses côtés des musiciens hors pairs tels que Bill McKay (Steve Gunn, Ryley Walker) ou Jim Becker (présent chez Califone que l'on croit presque entendre sur l'excellente Time to Bloom), le tout étant enregistré dans le studio de Wilco à Chicago (The Loft et sa panoplie d'instruments à disposition). Autant dire que la crème de la crème de la folk voire de l'alternative country semble ici réunie et fait souffler un vent de fraîcheur et de chaleur humaine sur ces douze nouvelles chansons que l'on croit connaître ou reconnaître, comme si leur évidence était déjà inscrite dans notre ADN. Certaines compositions savent également s'envoler vers des strates plus dramatiques (la magnifique What A Drag) ou cotonneuses (Another Year, Back Again, In Space). Tantôt rustique tantôt enlevé, In Space s'achève sur une dernière merveille, I Still Love You, et on ne saurait mieux dire à l'égard de cette grande dame discrète de la folk qu'est Edith Frost.
Chroniqué par
Romain
le 02/03/2025
