Le trio bordelais Cosmopaark nous présente un remarquable EP de pop shoegaze dans la droite lignée des américains de DIIV. Nous avions peut-être été trop sévère en ce qui concerne Frog in Boiling Water, leur dernier album ayant finalement su révéler un charme plus insistant qui n'y paraît au fil des écoutes. Assez habitué aux formats courts jusque là, Cosmopaark a pour sa part bien capté qu'il est toujours préférable de sortir un petit lot de cinq chansons percutantes comme c'est le cas ici plutôt qu'un album inégal se dispersant trop.
Moins atmosphérique que son prédécesseur and I can't breathe enough, Backyard est porté par une fougue juvénile tirant une pop mélodique et accrocheuse, presque college radio sur les bords, vers de petites bourrasques électriques typiques de ce qui se faisait outre-atlantique dans les années 90. Groupe de bon goût, Cosmopaark emprunte une partie de son nom au magnifique Paranoid Park de Gus Van Sant soit le grand cinéaste américain des errances adolescentes avec selon les films des degrés d'intensité variables : citons Gerry, Elephant et Last Days pour les plus âpres, Will Hunting et Restless pour les plus doux. Et à l'instar de la musique contrastée du trio, Paranoid Park se situerait quelque part entre les deux. Comme dans les plus beaux films de Gus Van Sant, Cosmopaark souhaite avant tout créer des ambiances planantes et immersives tout en distillant un certain spleen qui a toujours été au cœur du courant shoegaze et que le trio sait parfaitement capturer et reconstituer le temps de cinq chansons.
Chroniqué par
Romain
le 18/10/2024