Heureux hasard du calendrier : le dernier album d'Aluk Todolo débarque à point nommé pour clore en fanfare la période sportive olympique de Paris. Et si la musique devait concourir dans l'une de ces épreuves, on n'aurait pas été étonné de voir ce trio instrumental français recevoir une médaille d'or pour leurs multiples performances marathoniennes s'éprouvant longuement autant sur disque que sur scène depuis sa création en 2004. Mais on leur réservera plutôt le prix nobel de l'occulte car, initialement issue de la scène black metal, la formation composée de Shantidas Riedacker à la guitare, Matthieu Canaguier à la basse et Antoine Hadjioannou à la batterie a toujours été nourrie de symbolisme ésotérique – leur logo est la lettre A de l'alphabet énochien – et a ensuite dérivé vers d'autres influences musicales sans perdre de vue son goût pour l'obscurité, la sueur et le sang.
Au-delà de la frénésie terrassante du black metal à laquelle le groupe prend encore sa source, on retrouve aussi chez Aluk Todolo la violence lourde et alambiquée du noise-rock, la répétitivité parfois harassante du krautrock ou encore les effluves psychotropes du psychédélisme 70's dans ce qu'il peut avoir de plus noir et électrisant. En cela, Aluk Todolo évoquerait presque une version dark d'un autre excellent groupe intrumental avec plusieurs "o" dans le nom : Laddio Bolocko (ou plus tard The Psychic Paramount dont on retrouve deux de ses membres). Après les manifestes que sont les albums Occult Rock (2012) et Voix (2016), Aluk Todolo revient encore réveiller les morts avec LUX, un cinquième album ne laissant lui non plus aucun répit et se devant d'être également écouté d'un traite comme s'il fallait traverser les flammes d'un bâtiment en ruines sur le point de s'effondrer. Il s'agit bien sûr d'une expérience sonore extrême, mais elle est essentielle.
Chroniqué par
Romain
le 08/09/2024