Le trio californien Duster vient de sortir sans aguiche et pour notre plus grand plaisir un album par surprise, le troisième depuis sa récente reformation en 2018 mais en fait son cinquième depuis l'initial Stratosphere (1998), trésor caché de la sphère indie-rock américaine devenu aujourd'hui culte et largement revu à la hausse comme son successeur Contemporary Movement (2000). Hormis la présence légèrement plus prononcée d'éléments électroniques comme ce fut le cas sur leur précédent album Together, ce dernier album ne constitue en rien une nouvelle voie musicale pour Duster qui continue ici de broder des compositions erratiques à la croisée des genres slowcore, sadcore et shoegaze.
In Dreams nous présente treize morceaux aux mélodies amoindries, aux cadences ralenties, aux structures décousues, au chant atone et à la production parasitée; autant de caractéristiques défectueuses qui chez un autre groupe seraient perçues comme la marque d'un appauvrissement sévère mais qui chez Duster ne fait qu'enrichir le suc d'une identité sonore finalement bien ancrée dans laquelle une certaine mélancolie infuse. Définie en quelques mots comme une "music for earth-moon transit" par le groupe lui-même, la musique que Duster élabore est en effet une sorte de pop qui cesserait d'être connectée à notre monde, démunie de ses accroches habituelles et larguée dans le vide intersidéral sans billet retour. Ne reste alors que notre écoute attentionnée pour récupérer la transmission et la reconnecter à un semblant d'humanité.
Chroniqué par
Romain
le 31/08/2024