Après avoir été hébergé sur des labels réputés comme Type et Miasmah, c'est aujourd'hui chez le prestigieux Shelter Press tenu par Félicia Atkinson que Zelienople reprend la route avec une œuvre toujours aussi précieuse. Précieuse pour la simple et bonne raison que ce trio de Chicago reste l'une des rares formations à encore se rattacher à cette ancienne "branche noble" du post-rock que l'on affectionne tant et que l'on situerait quelque part entre les abysses aquatiques de Labradford et les sublimes émanations des derniers albums de Talk Talk (les chefs d'œuvre Spirit of Eden et Laughing Stock). Pour ces derniers, on retrouve justement dans le jeu de batterie de Mike Weis une filiation évidente avec Lee Harris doublée d'un rendu sonore assez proche de ce que ce dernier avait pu effectuer il y a vingt ans sur le fascinant Codename: Dustsucker de Bark Psychosis, autre groupe culte que l'on rangera volontiers dans la même catégorie que les deux susnommés. Quoi qu'il en soit, ce Everything Is Simple nous invite à contempler la lumière vacillante mais encore scintillante d'une queue de comète lointaine et mérite à cet égard toute notre attention.
Pourrait-on écrire à chaque fois la même chose au sujet d'un nouvel album de Zelienople ? Et si oui, serait-ce si grave ? Everything Is Simple démarre toutefois dans une noirceur étonnante avec des vrombissements oppressants pas si loins du drone. Holly Rollers est une brume opaque que vient percer Matt Christensen de son chant perché et légèrement nasillard avant que le morceau bascule dans sa seconde partie et réactive la marque sonore plus enveloppante de Zelienople constituée de vibraphones, de nappes synthétiques rayonnantes, de basses profondes et de guitares défiant la gravité terrestre. La suite de l'album nous présente alors une nouvelle collection de compositions à mi-chemin entre ambient et slowcore, privilégiant comme toujours les ambiances étirées voire éthérées aux simples schémas couplet-refrain. On s'immerge alors dans Everything Is Simple en laissant derrière nous ce que l'on pense encore reconnaître de la pop, aussi atmosphérique soit-elle, et l'on se plaît à dériver dans un doux déluge de sonorités semblant provenir de la matière des rêves.
Chroniqué par
Romain
le 20/07/2024