Depuis le temps que l'on arpente les œuvres instrumentales de l'anglais Andy Cartwright (alias Seabuckthorn) et que l'on écrit le plus grand bien à son sujet, était-ce encore nécessaire d'en rajouter ? La réponse est oui, bien-sûr. D'abord parce que chaque nouvel album du guitariste est l'occasion de se reconnecter aux éléments de la folk dans ce qu'elle peut avoir de plus sensorielle, essentielle et aventureuse. Ensuite car Seabuckthorn sait toujours nous cueillir en déployant son instrument via une multitude d'approches techniques – fingerpicking, saturation, guitare frottée à l'archet.. – afin de créer un vaste territoire sonore volontiers atmosphérique, et ce remarquable this warm, this late n'y manque pas. Enfin, pour la simple et bonne raison qu'il n'est jamais trop tard pour découvrir ce grand compositeur formaliste et que ce nouvel album aux étendues diverses et variées constitue en soi une porte d'entrée idéale.
Serre Long, qui tire son nom d'un domaine dans l'Ardèche méridionale, ouvre this warm, this late sur un air évoquant le thème récurrent de l'excellente série The Leftovers mais ici retravaillée à la sauce Seabuckthorn par un savant entrelacement de cordes. À partir de là, l'album va longuement divaguer en multipliant les jeux de guitares autant que les jeux de textures, tantôt boisées tantôt cendrées. Andy Cartwright s'essaye également à d'autres instruments comme le banjo ou le ukulélé et, avec son camarade Phil Cassel présent au trombone et à la contrebasse, offre une nouvelle collection de compositions entre ciel et terre que l'on peut facilement raccrocher à l'ambient ou au modern classical et dans lesquelles on adore déjà s'immerger pleinement.
Chroniqué par
Romain
le 01/05/2024