Native du Danemark et basée à Londres, la violoniste – altiste plus précisemment – Astrid Sonne explore depuis une poignée d'albums discrets les contrées expérimentales de la musique électronique. La compositrice constituait même avec son précédent opus Outside Of Your Lifetime (2021) un petit chef d'œuvre à la confluence des genres, quelque part entre ambient, néoclassicisme et electronica sophistiquée. Changement de cap avec ce nouvel album voyant Astrid Sonne donner de la voix et faire muter ses miniatures instrumentales en chansons avec un certain penchant pour la pop voire le R&B.
Great Doubt est certainement la première perle pop de cette année fraîchement entamée, un album certes court (27 minutes) mais sachant déployer une palette sonore remarquable faisant la part belle aux multiples aspérités sensorielles volontairement provoquées par la compositrice. Remplies de ruptures de ton, de légers basculements ou d'humeurs changeantes, les chansons d'Astrid Sonne stimulent autant qu'elles déboussolent, peuvent évoquer Tirzah (Do You Wanna et sa batterie jouée par Astrid herself), Jenny Hval (le spoken words d'Everything is unreal) ou encore le temps d'un interlude (Overture) The Durutti Column avec ses boîtes à rythme cheap et ses guitares aqueuses. Say you love me referme ce magnifique album doucement tumultueux sur une note apaisante via un motif simple et répétitif autour duquel tournoie la voix parfaite d'Astrid Sonne dont on attend impatiemment les futures œuvres, chantées ou non.
Chroniqué par
Romain
le 10/02/2024