Vous connaissez l'adage "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" ? On pourrait aisément l'accorder au batteur français Jean-Baptiste Geoffroy qui entraîne son instrument de prédilection dans des aventures sonique autant diverses que stimulantes au gré de ses envies. Musclant le jeu dans le duo de noise instrumentale Pneu et, par extension, dans la centrifugeuse quadraphonique La Colonie de Vacances dont les concerts (plus un premier album en début d'année) sont partagés avec les groupes Papier Tigre, Electric Electric et Marvin, ou s'adonnant à de la pop expé avec le trio Binidu.
Tous ces projets éparpillés façon puzzle ne suffisant pas, Jean-Baptiste Geoffroy comble le peu de temps créatif qu'il lui reste dans son stakhanovisme pour explorer en solo les fluctuations sensibles d'un fatras d'objets hétéroclites dans des essais purement acousmatiques que l'on pourrait rapprocher des travaux de percussionistes contemporains tels que Eli Keszler, Will Guthrie ou encore Andrea Belfi (son album Wege surtout). Tachycardie est donc un projet sans batterie conventionnelle mais où les percussions sont omniprésentes, traitées dans leurs corps et leurs physicalité même (comme chez Chris Corsano que Jean-Baptiste Geoffroy semble apprécier) tout en entretenant un flou constant et consistant sur la provenance originelle de cette matière sonore que l'on entend.
Est-ce un son environnant issu d'un field recording ? Est-ce le martellement d'un de ces objets qu'il a à disposition ? Ou encore est-ce un découpage / collage travaillé en post-prod comme sur ce Tarir qui terminait le premier disque Probables dans une explosion IDM proche d'Aphex Twin ou d'Autechre ? Sûrement un peu de tout ça à la fois et c'est alors cette part d'insaisissable et de liberté en marge qui rend l'écoute de ce troisième album de Tachycardie (tout autant que les deux premiers) passionnante. Et à en entendre ceux qui ont pu le découvrir sur scène, ses prestations sont tout aussi passionnantes.
Chroniqué par
Romain
le 04/10/2022