Le nouvel album de No Age va à coup sûr décontenancer son auditoire, le duo californien jouant ici la carte du pas de côté, voire de travers, en dérivant fort généreusement vers ce qui auparavant ne faisait que parsemer leurs albums sous forme d'intermèdes expérimentaux et autres shoegazeries fiévreuses (Smoothie sur Goons Be Gone, ou encore Squashed sur Snares Like A Haircut, l'un des sommets de leur discographie). People Helping People fait ainsi la part belle à ces échappées cosmiques et psyché (You're Cooked, Blueberry Barefoot, Heavenly, Andy Helping Andy..), ce qui en fait un disque pouvant s'apparenter à une compilation de b-sides ou de chutes de studio ramassés à la pelle, ce qui n'est forcément pas très glorieux venant de la part d'un "vieux jeune" groupe comme No Age, valeur sûre depuis 2007 d'un punk arty autant frontal que vaporeux, et sans cesse stimulant.
Néanmoins, après plusieurs écoutes afin de mieux s'imprégner de l'album et savoir si c'est de l'art ou du cochon, People Helping People séduit progressivement grâce à son goût pour la bidouille, la bricole et un certain je-m'en-foutisme emmené par la voix dédaigneuse du batteur chanteur Dean Allen Spunt et la guitare sismique de Randy Randall. En laissant tomber l'écriture de chansons catchy pour mieux triturer la bizarrerie de sa matière sonore, No Age semble vouloir décortiquer sa musique, la désosser (Compact Flashes) pour n'en retenir que de petites vignettes art-punk (Plastic, Violence, Tripped Out Before Scott..) qui, mises bout à bout, offre une expérience déroutante mais finalement assez stimulante à défaut de pleinement convaincre.
Chroniqué par
Romain
le 19/09/2022