La bamboche, c'est terminé. À l'instar d'un groupe récent tel que Metz, USA Nails a déjà inscrit au fer rouge son nom parmi les dignes héritiers d'un noise-rock purement 90's, et qu'on se le dise ça ne plaisante pas. Les références explosives américaines fusent à l'écoute de la poignée d'albums qu'ils ont déjà sorti, allant du Sing The Troubled Beast de Bastro au Two Nuns and a Pack Mule de Rapeman tout en passant par Unwound, Drive Like Jehu ou encore The Jesus Lizard. Que l'on ne s'y méprenne toutefois pas : USA Nails ne provient pas plus des États-Unis que les canadiens de Metz puisque le quator est issu de la scène londonienne. Mais celui-ci a pleinement digéré toutes ces influences post-hardcore outre-atlantiques afin de nous les recracher au visage avec une fougue impériale via des œuvres tranchantes ne cessant de confirmer que ce groupe fait désormais partie des pointures du genre. Carrément méchant, jamais content.
Character Stop est leur cinquième album en à peine sept ans, on pourrait dire que ce dernier suit l'infléchissement initié par leur précédent opus Life Cinema qui délaissait par moment les rafales punk-noise pétaradantes des débuts pour se décliner vers de nouvelles formes sur lesquelles nous allons revenir. Bien-sûr la hargne est plus que présente sur ce nouvel album enregistré en quatre jours chrono et sait encore nous envoyer quelques baffes alambiquées, quelques coups de griffes – et de riffs – bien sentis (Revolution Worker, No Pleasure, See Yourself) mais cette hyperviolence s'ouvre tantôt à plus d'accroche mélodique (les implacables et quasi tubesques Character Stop et Temporary Home ci-dessous), tantôt à plus de retenue malaisante. La noise de USA Nails devient alors souterraine, plongeant l'auditeur dans des abysses de profondeur inédite au détour de certains morceaux à la basse imposante (How Was Your Weekend ? ou Preference For Cold). Cerise sur le pancake, le finale grinçant et chuchotté façon Labradford (Wallington) clôt l'album sur une note inquiétante ouvrant la musique de ce grand groupe mutant à de nouvelles pistes. Vivement la suite.
Chroniqué par
Romain
le 25/12/2020