À deux, trois ou quatre membres, le son unique d’Animal Collective a su mettre son empreinte sur les années 2000 et 2010. Je m’étais un peu inquiété de l’état de santé artistique du groupe depuis l’assez décevant Painting With. Aussi la sortie de ce Tangerine Reef, qui est une version studio des sessions Coral Orgy réalisées en 2017 avec le collectif Coral Morphologic, a particulièrement piqué mon attention. Bien évidemment, les aficionados d’AnCo connaissent déjà une bonne partie des titres issus de l’album. Mais les versions studios donnent un nouvel aspect à ces compos abyssales. Explication.
Fervents défenseurs de la nature, les Animal Collective avaient déjà collaboré avec l’entreprise de vêtements équitable Keep pour la défense de l’île de Socorro ou encore le réalisateur Danny Perez pour l’album visuel ODDSAC, chef d’œuvre de poésie aquatique. Ici, Avey Tare, Geologist et Deakin ont travaillé avec J.D. McKay et Colin Foord de Coral Morphologic pour proposer une exploration des abysses immersive, visuellement et auditivement parlant.
On retrouve dans l’album les dissonances aquatiques, propres du son de Brian Weitz (Buffalo Tomato, Buxom). La voix de Dave Portner résonne en écho lointain sur la plupart des compositions. Mais la mayonnaise prend difficilement et on a du mal à décrocher de l’atmosphère expérimentale "live", malgré de très beaux titres comme l’incantatoire Hair Cutter ou le très apaisé Jake and Me, où le riff de basse nous fait penser à ce que peut proposer un Doug McCombs. Une belle référence.
C’est donc charmé mais mitigé que j’écoute ce Tangerine Reef. L’Eucalyptus d’Avey Tare, sorti en 2017, a donné un bel exemple de la voix déchirée du chanteur et de ses sonorités folk-électroniques. Idem pour Josh Dibb, dont le talent s’exprime de façon moins évidente sur cet album en groupe que sur son premier long format, Sleep Cycle. Je décernerai cependant un prix spécial au morceau Coral Understandig/Airpipe (To a New Transition), véritable duel entre la guitare mélancolique de Deakin et les blips des machines de Geologist.
Tangerine Reef se verrait donc plutôt comme une performance artistique sonore et visuelle qu’un véritable nouvel album studio d’Animal Collective. Le film d’accompagnement de l’album nous fait penser aux bizarreries visuelles de Stan Brakhage, version 2018. Les morceaux des américains s’illustrent très bien dans cette vidéo, qui vient compléter l’atmosphère de Tangerine Reef. A défaut d’être satisfait de l’écoute, je ne saurai donc que vous recommander cette expérience visuelle, là où les compositions du groupe bien qu’assez singulières conservent leur qualité sonore et de texture, qu’on espère retrouver très bientôt avec la participation d’un certain panda…
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