Tindersticks nous avait déjà agréablement surpris avec la publication de son précédent album. Après un passage à vide, le groupe avait montré sa forme olympique en publiant le très réussi
Falling Down A Mountain, disque solaire et flamboyant.
La suite transfigure le reste. On dépasse la simple continuité artistique du précédent album. Car
The Something Rain installe une évolution assez notable dans l’esthétique de leur musique. Certes le groupe n’a pas véritablement changé son ADN. Le registre dominant reste encore et toujours le mariage au charme suranné du folk et de la soul. Toutefois, on est frappé par la volonté d’installer d’avantage ces nouvelles compostions dans un registre hypnotique.
On se souvient encore que le groupe avait orienté ses compositions dans ce sens sur la bande originale du film
Trouble Everyday, mais à travers un autre procédé. A l’époque l’idée était de travailler sur la tension et le silence. Avec ce nouvel album, le groupe de Stewart Staples installe l’hypnose par le biais de son procédé le plus évident et le plus efficace : celui de la boucle qui se répète et s’amplifie au fur et à mesure de ses circonvolutions pour finir en apothéose. Le tout s’enchaînant de manière générale, et comme à l’accoutumé pour cette formation, à un rythme volontairement langoureux et nonchalant. Ce qui vient compléter le tableau, c’est la place octroyée aux sonorités synthétiques, que ce soit sous la forme de boîtes à rythmes, de synthétiseurs ou de guitares. Une approche musicale qui sert dans les meilleures conditions la voix si caractéristique de Staples.
Car nul doute que Stewart Staples, est le pendant masculin des sirènes de l’Odyssée. Une voix chaude et nasillarde, qui déploie son charme dès les premiers mots... Que ce soit sous la forme de chant ou de
spoken words. A cet effet, l’écoute du titre d’ouverture de cette production inaugurant la collaboration du groupe avec le label
City Slang, trouble l’auditeur. On est frappé par l’étrange mimétisme de cette voix avec celle du fantastique leader d’
Arab Strap, l’Ecossais
Aidan Moffat, auteur d'un excellent album solo paru l'année dernière.
Si
Tindersticks reste attaché au charme et à l’élégance d’une musique influencée par les années 60/70 (basse, chant, orgue, batterie) il n’en demeure pas moins que ce dernier a su trouver la meilleur manière de se renouveler en optant pour une approche plus primitive et directe de la musique. Un résultat sans faute, qui, on l’espère, inaugure un cycle vertueux pour cette formation qui entame une nouvelle décennie sous les plus beaux hospices.