Le disque de la maturité, on devrait le savoir, c'est pour les cons, ou les journalistes. Comme c'est la même chose, on fera simple : c'est pour les cons.
Au contraire,
Akron / Family fait mieux que mûrir, préférant se remixer subtilement avant de chanter une mélodie dédiée aux ours — cons, les ours, comme les journalistes (
Silly bears). Disque souple, si l'on veut, au titre impossible.
S/T II: The Cosmic Birth and Journey of Shinju TNT passe de la ballade pop au riff net, tranchant, pur car joué sur une guitare saturée, et en toute logique inversement, sans craindre les onomatopées qui finissent malgré elles par avoir un sens, voyelles puis mots, comme si l'on apprenait à parler en chantant — belle et bonne méthode — "I'm going to go away from here" (
A AAA O A WAY devenant
So it goes).
Chœurs, riffs, et mélodies au carré, en somme, la somme des trois, c'est l'équation d'
Akron / Family. Elle n'est pas nouvelle, ni en général ni en particulier. Mais, elle est résolue avec une telle perfection et une telle simplicité que c'en est désarmant. Pas d'objection possible.
Un instant de poésie discrète ("Don't blink, the light will miss you", dit
Light emerges), un autre à peine plus démonstratif, mais toujours aussi juste (
Cast a Net), une pause (
Tatsuya Neon Purple Walkby), une vue de Fuji-San pendant son éruption fantasmée, même idée japonaise déclinée en deux modes, léger puis lourd (
Fuji I (Global Dub)), des motifs entraînants, mais bruyants tout de même, frénésie maîtrisée qui devient baroque avec franchise (
Say what you want to). Voie longue, mais par le plus pittoresque des paysages, vers le parfait, et parfaitement kitsch (non, l'un n'exclut pas l'autre),
Creator, manière d'ascension finale vers le firmament.
Si
S/T II: The Cosmic Birth and Journey of Shinju TNT n'est pas le meilleur disque d'
Akron / Family, c'est peut-être que tous se valent. Seuls les cons ne le savent pas.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 31/01/2011