Il y a une différence entre être fan d’un groupe et être bluffé par ce dernier.
Tindersticks confirme la règle. Le groupe fait parti du paysage depuis près de vingt ans. Pourtant on ne peut pas dire que ce dernier ait marqué les esprits depuis un certain temps. Pour ma part rien de trépidant depuis la publication de son petit chef-d’œuvre : les variations sur un même thème offerts sur un plateau à
Claire Denis pour son film
Trouble Everyday (2001). Il aura fallu attendre ce début d’année 2010 pour que
Tindersticks se réveille au sens propre comme au sens figuré, en proposant l’album flamboyant et solaire qu’on attendait depuis dix ans.
Le groupe de
Stuart Staples s’est imposé avec ses ambiances noires et étouffantes. Peut-être trop d’ailleurs, tant on avait l’impression que ce dernier se noyait lui-même dans ses propres compositions. Preuve en est, leur discographie qui est un exemple de disques ni bons ni mauvais.
Tindersticks s’était installé dans une certaine régularité dans ses productions : les suivantes égalant les précédentes. Le groupe était passé maître dans l’art d’endormir son auditeur au point de lui enlever tout discernement. Du moins, c’est ce que je peux dire de mon expérience personnelle...
Falling Down A Moutain renvoie dans les cordes les critiques précédentes. La voix de
Stewart Staples est toujours aussi envoutante (on peut dire que cela fait 70% du travail de séduction) et la musique répond aux canons esthétiques développés par le groupe depuis ses débuts. Toutefois,
Tindersticks semble avoir ouvert ses ailes en proposant un répertoire plus léger (
Black Smoke, No Place So Alone), mais aussi plus fougueux (
Harmony Around My Table, She Rode Me Down digne d’un western
spaghetti des plus oniriques). Attention, le groupe n’en a pas pour autant vendu son âme au diable : ce dernier a conservé son art de brosser des ambiances vaporeuses et cinématiques comme personne (
Hubbards Hills, Piano Music). Et cerise sur le gâteau, on retrouve la sensualité sombre et vénéneuse de la B.O.F. de
Trouble Everyday (
Keep You Beautiful). La musique de cet album est superbement servie par le travail de production fait sur ce disque. On pouvait reprocher le côté
too much donné au son des précédents albums. Assourdir et enlever toute profondeur à une musique qui déjà se caractérise par sa noirceur et son côté claustrophobe, c’est alourdir un propos et le rendre indigeste. Si les précédents disques brillaient par cet outrage (surtout quand la qualité des compositions n’était pas au rendez-vous), la production donnée à
Falling Down A Moutain lui donne plus de profondeur et plus de clarté. Elle fait écho à la musique et lui donne d’avantage de présence.
A l’image de sa pochette,
Falling Down A Moutain est un album lumineux qui permet au groupe de sortir la tête de l’eau. Sans conteste, le meilleur album de
Tindersticks depuis dix ans.