Il y a deux ans, on aurait pu croire en — je ne sais pas, moi — un coup d'éclat. Mais, un seul coup. Sur un label electro de premier plan (Ghostly Int'l), un groupe de rock tendance pop. Comme c'était alors la mode. Deux ans après, et un nouveau disque,
Mobius Band montre, comme si le besoin s'en était fait sentir, que ce coup-là, à l'image de leur
Radio coup d'alors, était plutôt un coup d'état radiophonique.
Musicalement,
Heaven ne surprend pas franchement par rapport à
The loving sounds of static. La voix est toujours la même, ce qui en un sens, rassure. Aussi simple et touchante, accents justes, rien de trop, mais là où il faut, toujours. Le mélange électronique + groupe de rock énergique fonctionne toujours, lui aussi.
Si quelque chose s'est produit, c'est au niveau des idées et de la manière de les présenter. Plus directe, plus franche. En assumant plus sûrement le côté pop, comme les simili-synthés, l'unisson de la voix et de la guitare qui font les couplets de
Secret language et les claps de mains qui en font le refrain. On pensera encore, et à raison, à
Tie a tie ou
I am always waiting, tout simplement imparables.
C'est que le groupe est plus écorché, ou égratigné. Il a vécu. Il le fait savoir. Et son intelligence n'est pas tant de le faire que de le contextualiser. "I don't need no friends like these" : le dire n'est rien, mais le dire comme ça, dans une pop-song electro mid-tempo, beat en avant et tous claviers dehors et laisser sa voix chanceler sur une nappe de guitare, ça fait toute la différence (
Friends like these).
Sans rien renier de sa tendance expérimentale (
Control,
Under sand),
Mobius band parvient justement à trouver son style dans cette exigence d'allier l'efficacité à un univers sonore vaste et original, ne perd pas son souffle et laisse tout le monde sur place.
À vous de suivre…
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 21/10/2007