S’il officie depuis quelques années au sein des acclamés
The New Pornographers, le Canadien Dan Bejar continue vaille que vaille de maintenir la barque
Destroyer à flots (son projet pop plus souterrain). Dan Bejar est même gagnant sur les deux tableaux : une power pop classieuse d’un côté, une pop rock plus affranchie de l’autre, qui, d’album en album, voit sa côte auprès du public et de la critique grandir. Le nouveau disque du Canadien sous ce nom,
Destroyer’s Rubies, le 7 eme à ce jour, pourrait bien nous faire rejoindre définitivement la meute des convertis (tardifs !)
On ne peut s’empêcher de penser à Bob Dylan, pour ce phrasé mordant, mais c’est surtout du côté du glam rock d’un Bowie que la comparaison est la plus fondée. Il y a comme chez celui-ci un panache très seventies dans le chant et l’instrumentation sur la plupart des morceaux (l’épique
Rubies d’ouverture).
Pour donner une assise musicale solide à ses compositions parfois sinueuses, Bejar a d’ailleurs convoqué sur ce disque un véritable groupe de musiciens qui donnent aux morceaux une réelle envergure électrique et acoustique. Vibraphone, trompette, saxophone bariton, wurlitzer, orgue, tambourin, batterie… s’en donnent à cœur joie sur ce
Destroyer ‘s Rubies qui défie avec une belle autorité les conventions du songwriting pop classique. Pour autant, ces joyaux pop brillent par leur évidence, comme en témoigne dès la deuxième piste la gaieté mélodique contagieuse de
Your Blood.
Guitares échevelées, claviers en cascades, il règne sur ce disque une sorte d’allégresse que communiquent un chant extraverti et des chœurs légers, mais de façon ambiguë, avec en contrepoint cette noirceur qui fait la réussite d’un morceau de bravoure pop comme
Looter’s follies.
Concernant les textes, Il semble que percer à jour toutes les références textuelles de Dan Bejar demeure impossible. Pour hermétiques qu’ils soient, on appréciera cependant la récurrence de figures et de lieux qui semblent hanter le poète et constituer une trame thématique.
« Cast myself towards infinity. Trust me, I had my reasons » chante Bejar au début de
Rubies.
Peu importe dès lors que ces raisons demeurent énigmatiques pour l’auditeur. Si derrière lui Dan Bejar sème les rubis comme autant de petits cailloux, on le suivra n’importe où.
NB : Notons que l’édition européenne est pourvue d’un bonus, soit une longue digression électronique de 23 minutes.
Chroniqué par
Imogen
le 18/01/2007