Dopamine est le projet d'un homme seul, multi-instrumentiste plutôt doué, qui présente ici ce qu'il considère comme son premier véritable album, après une collection de démos sortie en 2004.
Lo-fi par la force des choses (nous sommes bien ici dans le domaine de l'auto-production), l'album en question n'en affiche pas moins des parti-pris esthétiques clairs et déterminés : rythmique sèche bien en avant, guitares hirsutes régulièrement invitées à ajouter leur grain de sel, voix constamment doublée, placée très en retrait et délibérément brouillée, pour un résultat sonore volontairement sale.
Les compos, qui sortent souvent perdantes de ce genre de pari musical, sont ici tout à fait convaincantes, et voguent allégrement entre folk spartiate (
I should not, qui n'a pas à rougir de la comparaison avec
Swell, l'une des influences revendiquées de
Dopamine), rock tendu (
You will watch the Earth as spectator) et pop directe (
Just calm down,
Pinky), en passant par de petites pièces acoustiques et mélancoliques rappelant
The Married Monk période
The Jim Side, ce qui n'est pas un mince compliment (
Delayed,
End). On pense même régulièrement - toutes proportions gardées - à
Sparklehorse, pour le traitement de la voix, les brusques embardées orageuses des guitares, et le caractère cyclothymique de l'ensemble.
Malgré quelques maladresses (un anglais pas toujours top, des baisses de tension ici et là), on tient donc là un disque convaincu et convaincant, et un artiste à la personnalité déjà bien réelle. A surveiller de près.
Chroniqué par
Bigmouth
le 09/01/2007