Midlake avait séduit il y a deux ans avec son premier album,
Banman and Slivercock. Les Texans avaient séduit mais pas convaincu, car si ce premier long-format était aussi mignon que bourré de fantaisie, il manquait un peu de caractère. A l'époque, nous leur reprochions de serrer d'un peu trop près leurs modèles. Il sera difficile de formuler le même reproche à propos de
The Trials of Van Occupanther.
Midlake a trouvé sa voie, sa propre voie, à distance respectable de
Grandaddy et de
The Flaming Lips. Mais
The Trials of Van Occupanther n'en est pas pour autant une œuvre amnésique. Elle trouve son fondement dans ce que la pop a fait de plus intemporel. On songe aux
Beatles et aux
Pink Floyd des débuts, aux
Beach Boys de
Pet Sound aussi, à la pop de la fin des années 1960 en général.
Midlake soigne ses effets, son son lo-fi, délicatement rétro – évidemment. D'harmonies vocales ensorcelantes en orchestrations magnifiques – les cordes et les bois remplacent ici les synthés de
Banman and Slivercock –, le groupe sort le grand jeu et nous en met plein les oreilles. Les compositions sont léchées, les mélodies d'une élégance recherchée. Tout cela a un petit air de perfection.
De ce point de vue,
The Trials of Van Occupanther a toutes les qualités du chef d'œuvre, cet ouvrage de grande facture que les compagnons devaient réaliser pour passer maître. Et c'est peut-être de là que vient le problème. A trop jouer dans les règles de l'art, Tim Smith et sa bande peinent à s'affranchir des canons établis. Qualifier leur musique d'académique serait une exagération fallacieuse, mais l'idée est là. Aussi remarquable soit-il par sa maîtrise du genre, ce deuxième album surprend peu et, par suite, séduit moins qu'il ne convainc.
Il faudrait néanmoins être sourd pour ne reconnaître aucun talent à
Midlake. Et il ne manque finalement pas grand-chose pour faire de
The Trials of Van Occupanther un grand album. Restent de magnifiques morceaux aux ambiances attristées, portés par la voix plaintive de Tim Smith, qui évoque celle de Thom Yorke.
The Trials of Van Occupanther cultive la douceur et la rêverie mélancolique, sans pour autant délaisser la force et l'énergie, les percussions et les guitares électriques n'hésitant pas à passer devant le chant et le piano. Ces onze pop songs sont une brillante démonstration de savoir-faire.
Chroniqué par
dfghfgh
le 01/08/2006