Groupe séminal de l’underground londonien pendant les seventies et les eighties, navigant entre post-punk et art-rock,
The Work reste assez méconnu aujourd’hui, en dépit de la qualité de leur musique et de leur statut précoce de groupe arty (étiquette que se disputent bien des rockers après eux). D’une courte tournée japonaise (trois concerts à Tokyo, un à Osaka), ne reste que cet enregistrement à Osaka, publié peu après sur
Recommended Records Japan, et presque introuvable depuis vingt ans. Réédition bienvenue, augmentée d’un dernier morceau publié initialement sur flexi-disc, également introuvable.
Alors, que dire du trésor une fois qu’il est déterré, revenu en gloire parmi les vivants ? Qu’il est beau, et bon. Outre le fait que ce genre de découvertes éclairent toujours de larges pans de l’histoire (valeur archéologique indéniable), il faut reconnaître à cet enregistrement qu’il a conservé toute sa force, en dépit de la patine du temps.
Jouant en quartet, le groupe a recours à une palette d’instruments qui participent davantage du jazz : des cuivres rauques et discordants accompagnent les guitares, de multiples percussions – outre les armatures métalliques la batterie, fort prisées ici – viennent introduire un propos free, arythmique, tribal à l’intérieur de ce rock sans foi ni loi. Les breaks se multiplient, l’ouverture des possibles permise par le live et l’improvisation grignontent peu à peu l’écriture : privilégiant clairement la folie, la dinguerie et le loufoque plutôt que l’exécution nette, un peu à la manière de
Zappa, le groupe trouve au Japon, terre d’accueil des musiques démentes, un asile à sa mesure. Faites un geste punk, et intelligent : abandonnez
Art Brut, écoutez
The Work.
Chroniqué par
Mathias
le 18/06/2006