En hommage au réalisateur Stan Brakhage,
Sonic Youth et le percussionniste
Tim Barnes improvisaient, le 12 avril 2003, l’accompagnement quasi idéal de la projection d’une sélection d’œuvres cinématographiques exigeantes.
Inaugurée par les répétitions d’un piano jouet, la bande-son tire rapidement parti de la mise en abîme des interventions. Réverbérations et oscillations, guitares peu intrusives, larsens raisonnables, tout est d’abord soumis aux manières du percussionniste. Jusqu’à ce qu’un cadre rythmique légitime apparaisse, et accueille impromptus et habitudes des solistes (guitares rendant leur millionième harmonique). Affable, la première partie aura couru au son d’un rock bruitiste et downtempo, engagé, pour finir, sur la voie d’une marche titubante et charmeuse.
Moins saisissable formellement, la deuxième partie de l’improvisation – la plus courte - mêle les mots rapportés sous saturation par
Kim Gordon aux lavis sombres de guitares sous effets divers. L’intervention d’une grosse caisse ferme le dialogue, et fait le pont vers l’ultime tentative de résoudre l’équation interrogeant la composition instantanée et le noir et blanc des images.
Les notes passées à travers filtres tiennent alors la dragée haute aux interventions brutes, qui devront jouer d’une plus grande nervosité pour se faire entendre encore. Aux cordes torturées on ajoute les attaques sourdes et convulsives de la section rythmique avant d’allumer un poste de radio, d’où sortent les voix qui annoncent le moment irrémédiable du chaos. Grave, rien ne l’empêche d’être gonflé encore, sur les encouragements d’une batterie qui enfonce toujours plus profond une musique industrielle et sauvage.
Dernier enregistrement en date autoproduit par
Sonic Youth,
Koncertas Stan Brakhage Prisiminimui est aussi un tour de force : celui effectué par un groupe qui a mille fois servi la posture improvisée tout en étant capable encore – quelle qu’en soit la cause : présence de
Tim Barnes, joie de se plier aux règles d'un exercice particulier ou inspiration faste – d’offrir un peu d’inédit à sa maîtrise consommée.
Chroniqué par
Grisli
le 31/01/2006
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