Corridor – Mimi (Sub Pop)
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Quatrième album pour Corridor et le deuxième chez le cultissime label Sub Pop, signature qui a dû donner un bel élan de (re)connaissance à ce jeune quintette montréalais. Celui-ci a su toutefois garder les pieds sur terre en revenant tel qu'on l'avait laissé après Junior, et prend même ici certains risques en s'essayant ici à quelques bidouillages électroniques ou en composant là des chansons en forme de bonbons acidulés. Corridor orne aussi sa pochette d'une créature peu aguichante que l'on croirait issue du bestiaire fantasmagorique d'Hayao Miyazaki. Mimi comme "mignon" ? Finalement pas tant que ça, et ce groupe se révèle assez vite faussement inoffensif dans sa manière d'alterner entre de savants entrelacs mélodiques et quelques coups de griffes bien acérées.
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The Drin – Elude The Torch (Feel It Records)
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On ne se lasse toujours pas de The Drin depuis qu'on les a découvert avec leur premier album sorti il y a trois ans. Le groupe originaire de l'Ohio puise toujours autant dans les bas-fonds du rock et nous livre un album démarrant plutôt fort avec un Bascinet (ci-dessous) rappelant les belles heures du Brian Jonestown Massacre. La suite va déployer tout un imaginaire rétro convoquant tantôt le post-punk (on pense parfois à la sonorisation de Martin Hannett pour Joy Division mais pas que) tantôt le rock psyché dans ses moments les plus perchés mais aussi les plus obscurs. La production à l'os sied parfaitement à leurs sonorités "garage" et la densité de l'instrumentation – The Drin contient maintenant six membres – confère à l'album un aspect folklore des ténèbres. Elude The Torch nous convie quoi qu'il en soit à une grande fête, certainement expiatoire d'on ne sait quel péché.
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MJ Lenderman – Manning Fireworks (Anti-)
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Deux ans après le génial Boat Songs, Jake Lenderman revient avec un nouveau must-have de folk rock made in Asheville (Caroline du Nord). La voix traînante du bonhomme nous guide dans un album rempli de merveilleuses chansons évoquant parfois Pavement ou les Silver Jews et oscillant entre de l'acoustique à fleur de peau et de l'électrique débraillé débouchant sur un final que n'aurait pas renié Sonic Youth. MJ Lenderman sait surtout libérer sur son passage quelques hymnes instantanés et on ne pense pas se tromper en écrivant que MJ Lenderman est l'une des nouvelles voix de l'alternative country américaine qui comptent. On croit même le préférer plus encore en solitaire que chez sa formation Wednesday qui avait créé une petite hype l'année dernière avec son album Rat Saw Good.
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Mannequin Pussy – I Got Heaven (Epitaph)
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L'album démarre dans la pure tradition riot grrrl mais va progressivement s'acheminer vers plusieurs autres directions, nous cueillant ainsi par surprise tout en faisant preuve d'une belle maîtrise dans chacune des voies empruntées. Actif depuis dix ans maintenant, ce quatuor de Philadelphie emmené par la chanteuse guitariste Marisa Dabice fait défiler une flopée de tubes incandescents que l'on a déjà envie de faire tourner en boucle sur les platines. Au-delà de son mood indie rock 90's, I Got Heaven est un album qui aime également bousculer l'auditeur en lui assénant quelques uppercuts bien sentis comme Ok? Ok! Ok? Ok!, Of Her et Aching, trois morceaux qui semblent presque sortir d'un autre album et flirtent directement avec le punk-hardcore.
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Mo Dotti – Opaque (Autoproduit)
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Après julie (en minuscule) et DIIV (en majuscule), on peut clore l'année shoegaze avec cette petite pépite passée relativement inaperçue et qui devrait plaire aux amateurs de My Bloody Valentine (Lucky Boy ci-dessous, For Anyone and You) et des Pale Saints (Whirling Sad). En effet, ce quatuor basé à Los Angeles se situe quelque part entre les deux et nous offre une version très fidèle au genre et fait chauffer les guitares comme jamais. En tout cas, on s'y serait totalement cru si le groupe ne proposait pas dans le lot quelques chansons indie-pop plus contemporaines, notamment Really Wish et ses tonalités proches de Real Estate ou Beach Fossils. Wave Goodbye se permet également une parenthèse dream-pop évoquant le Cocteau Twins de la période Victorialand / The Moon and the Melodies (ce dernier ayant été réédité cette année par 4AD).
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Van Houten – The Tallest Room (Clue Records)
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Autre belle découverte que ce second opus des anglais Van Houten, le genre d'album qui ne paye pas de mine de prime abord mais qui fait lentement son chemin au fil des écoutes. À quoi cela tient-il ? Peut-être à des influences assez pointues allant des norvégiens Kings of Convenience (les arpèges de Panoramic View) aux suédois de Logh (Note To Self) en passant par les allemands The Notwist pour le spleen sophistiqué dans lequel baigne l'ensemble de l'album ainsi que ce chant légèrement atone ne se mettant jamais trop en avant. Rien de très britannique tout ça mais voilà peut-être la force de ces Van Houten jouant aux équilibristes et soufflant le chaud et le froid à travers huit compositions impeccables. The Tallest Room se termine par l'une des plus belles chansons pop-rock de cette année : I Let You (ci-dessous) et ses huit minutes enivrantes s'acheminant vers une envolée finale donnant clairement la chair de poule.
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