Déjà auteur d'une dizaine d'albums depuis le début des années 2000, le DJ et producteur danois Anders Trentemøller nous a souvent fait traverser un tunnel aux néons blafards qui serait celui d'une musique électronique protéiforme allant puiser ses aspirations dans des influences relativement sombres. Mais les compositions assez sophistiquées de Trentemøller savent également faire éclore de nombreuses idées sonores aux couleurs plus éclatantes transformant chaque album en une sorte d'objet musical hybride dans lequel les sensations tourbillonnent sans cesse. Et à ce sujet, ce dernier album majestueux ne déçoit clairement pas.
Maintenant loin des clubs nocturnes, Trentemøller continue d'amorcer un virage qu'il avait pris avec son précédent album Memoria (2022) et semble vouloir nous emmener aux confins de la réverbération et d'une certaine langueur. Auparavant recouverte de multiples instrumentations paraissant lutter contre la froideur synthétique de ce que peut parfois représenter l'electronica en soi, la musique du danois s'offre depuis quelques années un autre supplément de chaleur humaine via la voix sublime et planante de l'islandaise Disa.
Cette dernière, presque omniprésente sur ce Dreamweaver s'apparentant cette fois-ci à un véritable "album de chansons", sait faire monter la température corporelle de l'album au-delà des 37,2° en le faisant évoluer vers des sonorités fiévreuses convoquant à la fois les vapeurs de la dream-pop, les éruptions volcaniques du shoegaze ou encore les humeurs cafardeuses de la cold-wave. Et contrairement à ce que son intrigante pochette laisserait deviner – une photographie de "bandage floral" par Jonas Bjerre-Poulsen – cet album soufflant le chaud et le froid s'offre plutôt à nous comme un généreux bouquet de fleurs aux senteurs magnifiquement variées et dans lequel beaucoup pourraient y trouver leur compte.
Chroniqué par
Romain
le 29/09/2024