Le sentiment du chroniqueur investi de la délicate mission d'écrire sur le classique de Portishead peut être résumé à un mot : honneur. En effet
Dummy , depuis sa sortie en 1994, n'a eu de cesse de se voir attribuer un statut de disque sacré, ou légendaire, pas moins que cela...Avec cet album, aussi important qu'un Blue Lines en son temps (la comparaison s'arrête là, faute d'autres points communs que l'appelation "trip-hop"), on se sent d'abord dépassé devant la dimension qu'il a acquise : le mythe de cette oeuvre fut construit à force de bouche à oreille, jusqu'à ce que l'on n'ose plus l'évoquer en référence, le songwriting lumineux de Beth remportant tous les suffrages, et Dummy devenant implicitement le modèle évident de tout un courant.
Reste maintenant la chanteuse Djazia Satour de MIG pour le citer, plus quelques esprits aventureux qui certifient qu'ils l'emporteraient sur une île déserte. Passé dans notre patrimoine musical donc. Aussi replaçons cette musique.
Portishead est basé sur une alchimie qui touche de manière très directe, celle des beats & samples de Geoff Barrow et des talents vocaux de Beth Gibbons. Le chant de celle-ci se place entre l'universalité d'une Tracey Horn et un certain côté folk où, entre mélancolie latente et désespoir sensible, elle semble à la limite de la rupture.
Des prouesses que Geoff (qui a déjà servi pour Massive Attack ou encore Primal Scream) habille de mélodies luxueuses d'orgues, d'échos électriques de guitares languissantes, de scratches classieux, voire de saxo (
Pedestal). Le résultat, hypnotique, donne des chansons transcendantes de sincérité, intimistes et urbaines, qui sont dans tous les cœurs.
Chroniqué par
Guillaume
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