On le sait depuis le Velvet Underground : le secret d’un album pop parfait est de savoir marier les mélodies les plus sublimes aux expérimentations sonores les plus radicales. Cet axiome, sur lequel plusieurs groupes majeurs ont bâti l’ensemble de leur carrière (The Jesus & Mary Chain ou My Bloody Valentine étant les plus évidents), Animal Collective se l’était approprié voilà quatre ans, et en avait tiré l’intouchable Sun Tongs, joyau de folk malade et détraqué.
Las, après cette réussite éclatante, le groupe avait choisi de se radicaliser, en donnant la priorité à son travail sur les textures au détriment des mélodies. Résultat : un album aux chansons rachitiques, autour desquelles le défrichage sonore tournait à vide ( Feels), et des projets solo toujours plus abscons, dont certains plongeaient même la tête la première dans l’auto-parodie ( Pullhair Rubeye d’Avey Tare avec sa douce Kria Brekkan, enregistré à l’envers…).
Dans ce contexte, Strawberry Jam constitue une excellente surprise. En effet, Animal Collective y revient à des mélodies plus affirmées, parfois même assez touchantes, sans pour autant renoncer à une once de cette radicalité sonore qui constitue sa nature profonde.
Ainsi, Peacebone ouvre la voie, en extrayant d’un bouillonnement synthétique informe un motif électronique, point d’appui idéal d’une mélodie presque enfantine – qui vient à son tour se faire bousculer par des cris, des borborygmes et d’autres bruits étranges grondant en arrière-plan. Dès ce premier titre, tout ce qui faisait la force de Sung Tongs remonte donc à la surface ; à cette différence près que l’instinct (animal ?) qui faisait jadis office de moteur créatif, se voit désormais enrichi d’une maturité nouvelle, permettant au groupe de varier les climats (Unsolved Mysteries et son ambiance de fête foraine pour psychopathes), de soigner les détails (le mauvais trip de Cuckoo, dérangeant dans son accumulation d’objets sonores incongrus), de s’ouvrir de nouvelles perspectives (#1, bâti autour d’une boucle tout droit sortie de l’univers de Terry Riley) et de déconstruire ses habitudes les plus évidentes (Fireworks, qui démarre sur un rythme tribal pour mieux faire éclore une jolie mélodie au piano).
Ceci étant, soyons honnêtes : affirmer que Strawberry Jam nous bouleverse autant que Sung Tongs l’avait fait à sa sortie ne serait qu’un pieux mensonge, dicté par la joie de ces retrouvailles inespérées. Le fameux effet de surprise, tout d’abord, ne joue plus – rien ne peut remplacer une première fois, dit-on… Mais surtout, d'autres groupes (au hasard, Battles ou Thee More Shallows) ont proposé ces dernières années de nouvelles déclinaisons de l’axiome mentionné ci-dessus, développant de ce fait des univers sonores certes différents de celui d’Animal Collective, mais tout aussi personnels et excitants.
Ces réserves mises à part, Strawberry Jam reste une réussite majeure à l’échelle du parcours du groupe, et constitue pour lui une bien belle façon d’évoluer. L’évolution étant précisément la clé de la survie de toute espèce animale, nous voilà donc rassurés quant à l’avenir du collectif.
Chroniqué par
Bigmouth
le 13/05/2008
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par Sim (le 29/05/2008)
Je ne comprends vraiment pas tout le bordel qu'on fait sur ce cd! Rien qu'à la pochette j'aurais du me méfier! Déjà sur 9 zic on peut clairement en retirer 1/3.Expérimentation d'accord mais faut pas pousser! J'aurais jamais osé mettre un truc comme "chores" ou "derek" sur un cd!
Le reste est certe sympathique mais n'apporte pas grand chose de nouveau. Puis ça fait jamais que 5 ou 6 morceaux potables, pour un album c'est un peu juste!
Et c'est surement pas leur dernier concert que j'ai pu voir qui me fera changer d'avis!
Non clairement je ne vois pas où est le chef d'oeuvre dont tous le monde parle! Alors c'est peut-être branché d'écouter ce genre de truc mais faudrait être un minimum lucide!!
par SmallMouth (le 20/05/2008)
On ne peut rien écrire de pertinent sur Animal Collective si on affirme au préalable que Feels tourne à vide.