Enregistré à Vienne entre 2004 et 2006 et deuxième collaboration entre Christian Fennesz et Ryuichi Sakamoto, Cendre dépose ses ors au son d’une ambient précieuse.
Une autre fois, les habitudes prises au piano par Sakamoto l’incitent à mesurer son propos, imposant une distance de sécurité entre chacune de ses interventions, mélodies rêveuses (Kokoro, Aware) ou plus dramatiques (Oto), ou déposant un accompagnement prompt à devenir le champ sur lequel fleuriront des répétitions perturbatrices (Abyss). Rassurant mais peu novateur, Sakamoto compte sans doute sur Fennesz pour donner toute sa singularité à la rencontre.
De son côté, le guitariste s’attache à envelopper les mélodies du pianiste ou plonger son discours dans une abstraction stylisée : drones vaporeux, inserts d’effets divers et bruitistes tous ; accords timides, ailleurs, sortis d’une guitare folk (Glow). Et à force d’efforts, le dialogue se fait œuvre équilibrée, dans laquelle s’entendent sans rien rogner de leurs premiers desseins les intentions mélodiques et les expérimentations légères. Y gagnent, même et fantasment parfois la figure d’un Satie jouant au milieu des drones (Kuni, Mono). Alors, allez entendre, rien que pour l’image.
Chroniqué par
Grisli
le 08/06/2007