I:Cube, le nom d’artiste choisi par Nicolas Chaix pour produire cet album, signifie littéralement « Moi : au cube ». Un pseudonyme dont le lyrisme mathématique est à l’image de l’album, d’un savant équilibre entre poésie et science du groove. Une alliance magique présente dès le titre d’ouverture d’
Adore. Avec ce bijou éponyme, entre ambient subaquatique et samples, le ton est donné. La moitié de
Château Flight (avec Gilb’R) qui se cache derrière cette œuvre est un grand fan de nappes devant l’Eternel – et le chroniqueur d’Infratunes, ce qui n’est pas forcément la même chose – et cela se ressent sur cette petite merveille deep downbeat, qui nous emmène bien vite vers des contrées aussi séduisantes qu’inexplorées.
Ecoutez les chœurs féminins du funky
La la la, son beat « 90bpm style’ » filtré, et les milles détails qui cliquent et bleepent autour de la basse centrale… Ca y est, vous êtes sous l’effet
I:Cube. Et ça n’est pas fini : après
Le dub, morceau très… dub, on est définitivement en plein trip, et tandis que les échos de
Tropiq se répondent, on est bercé par la discrète mélodie à la guitare sèche, quand surgissent soudain de ravissantes harmonies vocales…
La maîtrise de l’artiste est exceptionnelle, on nage épanoui dans les flux liquides de ce chill-out de luxe, alors qu’arrive le planant
Cash Convive, avec son délirant sample « marsupilami » qui évoque un quelconque primate.
On explore de nouveaux territoires plutôt hospitaliers, cocoonés entre nappes aériennes, beat&basse telluriques, flots des reverbs…
Changement de ton avec la dérision vaguement hip-hop sur
Mighty Cube, puis
The Basic Bastard offre un groove binaire irrésistible qui évoque le meilleur de la scène minimaliste actuelle, barré comme les meilleurs Ark et Mr.Oizo, mais toujours avec le son très personnel d’
I:Cube qui donne sa grande cohérence à l’album.
Dans le même esprit humoristique, l’intro farfelue de
Caca Carnival cède place à un kit tribal, support des bidouillages et expérimentations sonores de Nicolas. Avec
Lak, on décolle ensuite pour une BO de science-fiction faîte de minimal-tech aux violons délicats, qui nous propulse dans les nuages, et plus haut encore, « la tête dans les étoiles »…
Arrive
Dans la pièce vide, où l’on découvre la vie secrète et passionnante qui anime un système sonore, pris dans une chambre d’écho, affalé dans un caisson de basse. Et c’est sur cette dernière envolée de lyrisme électronique que s’achève ce classique qu’il vous faudra écouter et réécouter pour parvenir à en saisir la richesse inépuisable…
Alors plutôt que vous certifier que « j’adoôre », je vous conseillerais d’en faire vous l’expérience. Checkez ça de toute urgence les yeux fermés, et si vous devez vous enquérir de l’existence d’ « Adore » dans les backs-catalogues auprès du « personnel qualifié » (le vendeur Fnac du rayon manuels scolaires la semaine précédente), prenez garde à ce qu’il ne vous refile pas le parfum Dior. Ce serait vraiment dommage.
Chroniqué par
Guillaume
le 18/02/2004