The Troubled Sleep of Piano Magic est un album nocturne, comme l'annonce le titre : onirisme tourmenté, romantisme crépusculaire, ambiances cotonneuses et flottantes sont la couleur cafardeuse de cet opus, qui ne dérive pourtant jamais vers une noirceur anxiogène.
L’album débute sur l’incroyable
Saint Marie, guitares post-rock entourées de réverb', bientôt surprises par une batterie digitale au rythme saccadé et frénétique, tandis que des nappes de claviers tissent un arrière-fond nébuleux.
The Unwritten Law poursuit sur cette belle lancée avec un titre très émouvant : la délicate voix d’Angèle se pose sur de fines notes de clavier et de guitares douces… un morceau mélancolique et poignant, inusable, comme semble l’être tout l’album, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.
Sur
Speed the Road, Rush the Lights, se font entendre roulement de batterie, basse, bientôt rejoints par la voix de Glen, réduite au silence par un déferlement d’électricité ; en arrière-plan, à nouveau des nappes spectrales de clavier rétro pour une atmosphère fantômatique, bientôt bousculée par un final rock rageur.
Les titres chantés par Glen offrent un contrepoint réussi aux morceaux féminins, et lorsque les deux mêlent leur voix, cela donne par exemple la belle ballade
The Tollboth Martyrs, traversée d’un son lancinant qui évoquele chant plaintif d’une baleine.
Toujours, ce fond de tristesse hivernale, qui naît d’arrangements à la beauté obscure, presque gothique parfois.
Elégant et raffiné sans affectation, cet album montre aussi le talent du groupe à offrir une musique à la beauté visuelle tout en restant suggestive. L’album parfait pour s’engouffrer dans l’automne.
Chroniqué par
Imogen
le 02/10/2004