Lorsque l’on enlève la jaquette "censure" de
I Need Drugs, on comprend rapidement que le disque que l’on a entre les mains ne va pas sentir très bon, si vous me permettez l’expression.
Oncle Howie, mascotte officieuse du crew (et oncle véritable du trublion grimaçant), en train de tapoter son compte goutte jaunâtre les yeux brûlants d’envie…il fallait oser. Première entrée dans l’univers du déjanté
Necro, et premier disque, donc, de celui qui sous ses apparences de fou furieux se révèle être un rappeur hors norme qui n’a pas oublié que savoir faire du bizness est toujours une bonne chose (www.necrohiphop.com). Passées ces présentations, on sait déjà un peu plus à quoi s’attendre lorsque l’on pose la galette sur le lecteur Cd. C’est donc à peine surpris que l’on entends démarrer
The Most Sadistic, ego trip ravagé et sanglant,
Hoe Blow, pamphlet vicelard sur la manière de se faire tailler une pipe dans les règles de l’art, ou encore
You’re Fucking Head Split, qui disserte allègrement sur les crânes explosés, entre autres. Charmant me direz vous ? Ca continue dans ce ton jusqu’au bout, et si un morceau comme
I Need Drugs (reprise du
I Need Love de
LL Cool J à la sauce tox) se révèle plus amusant qu’autre chose (le texte est cependant remarquable), d’autres comme
I’m Sick of You ou l’excellent
Coakcroaches ne prêtent pas vraiment à la rigolade. L’exploit de
Necro, qui si on le jugeait un peu vite ne serait finalement rien de plus qu’un allumé à la provoc trash mais sans talent, c’est de proposer, pour chacun des titres de l’album une production à l’efficacité redoutable. Basses crades et gros beats lourds, ambiance oppressante de vieux film gore, le petit blanc bec renvoie valser
Eminem et sa provoc à trois sous dans les poubelles de Detroit, et le disque est une réussite, tant les atmosphères pesantes se multiplient sans se répéter, et accompagnent a merveille le flow névrotique du lascar de Brooklyn. Ce premier album, qui regroupe maxis et freestyle, manque peut être d’un peu d’homogénéité, mais on ne peut que saluer la "fraîcheur" (qui s’apparente plus en fait à un relent nauséabond) de
Necro, qui sous ses allures de petit con prouve qu’il sait parfaitement se servir de ses machines, en plus d’être un excellent rappeur (pour preuve, les 3 freestyles qui concluent l’album, à la qualité d’enregistrement malheureusement un peu limite). Ajouter à cela que le monsieur produit également quelques films bien gores, lorgne volontiers sur le porno, et accepte les cartes bleues sur son site internet (sic), et vous aurez la définition parfaite d’un petit malin qui sait à merveille jouer de son personnage, n’oublie pas de vendre sa musique, avec un sourire bien pervers au moment d’encaisser la monnaie…
Chroniqué par
WakMc
le 13/08/2004