3 disques en un an, il y a pire comme entrée en matière. C'est peut-être ça le grand avantage des auto-prods. Toujours est-il que ce nouveau
Kilowhatt change sensiblement de ses prédécesseurs. En particulier au niveau de la composition. Bien que le style "kilowhatt" soit reconnaissable au fil des productions,
In underground we trust se veut plus concret, plus simple, presque épuré. Tout ici (ou presque) se veut dévolu au groove. Un groove carré et millimétré, s'installant méthodiquement au fil des minutes.
Le premier titre,
Backbiting définit à lui seul tous les paramètres de ce qui sera le son général du cd. Cassures rythmiques en tout genre, sonorités métalliques, oscillant vers une hard-electro presque indus que l'on retrouve d'ailleurs sur
Monowhatt, dur et machinal. Le contenu sombre et implacable séduit d'emblée l'amateur d'ambiances mécaniques et distordues. Les morceaux s'enchaînant sans silence, l'ensemble reste compact et tient en haleine jusqu'à la fin. On relèvera plusieurs réussites totales, à l'image de
Dark ovation et son electronica rugueuse, passablement malveillante et portée par un beat techno accrocheur, ou l'expérimentation torturée de Have a break, fourmillant d'idées sonores comprises entre rythme sans état d'âme, manipulations numériques noisy et fractures structurelles incessantes, mettant en relief un talent de construction en pleine naissance. Après l'écoute de
Hostile communication, le doute n'est plus possible. La progression au niveau de la tenu des enchaînements est significative de seconde en seconde. Reste l'énorme
Floorfashion véritable hymne sans concession au groove ultra-lourd, l'inextricable transe des sens occasionnée par une avalanche de très gros son. C'est tout juste si le sample de guitare funky qu'il contient parvient à s'extraire de la masse de décibels. Enfin,
Hardfloor connexion termine sur une touche de délire grâce à son mélange improbable de hard-tek et de samples que les puristes fuiront comme la peste.
Un son qui s'affirme, des atmosphères travaillées, un sens du rythme à toute épreuve, rien ne semble manquer. Cet album contient sans doute les prémices de ce qui sera dans le futur une des approches de la musique electronique "dansante" de David, alias
Kilowhatt.
Chroniqué par
Yragael
le 11/12/2003