Depuis 1993 et
Jeux de terre,
Vromb n’en finit pas de tracer sa route, en marge de tout rattachement à un genre ou à un autre. Le mot "originalité" est le premier qui vient. C’est vrai qu’il est ardu de trouver d’autres formations similaires partageant le même art du traitement sonore poussé à l’extrême. Ici, c’est un travail de recherche sur les nombreuses formes de rayons existants à l’état naturel ou technique, afin de les transformer et les interpréter musicalement. Comme il est souvent souligné, la musique de
Vromb n’est pas destinée à être propulsée par des murs d’enceintes. Le meilleur moyen de profiter pleinement de la complexité et de la profondeur des travaux de Hugo Girard reste encore le casque. Avec des bruits, on fait des ambiances. Avec des ambiances, on fait des morceaux. Et avec ces chansons, on fait des albums. Voilà comment résumer pour les profanes. Electroniquement parlant,
Vromb a depuis longtemps fait ses preuves. Chaque nouvelle production reprend la même recette, mais le résultat final est toujours different. Pour
Rayons et comme d’habitude, c’est l’hypnotisme qui préfigure. Un hypnotisme puissant qui cependant ne dégage aucune agressivité, aucune prise directe de l’espace ambiant, et une forme poétique d’émerveillement, presque juvénile pour l’infiniment électronique univers de l’artiste canadien.
Si l’on écoute de plus près, on s’aperçoit que technologie et vie organique sont extrêmement proches, si on les compare sur un plan purement auditif. L’un paraît plus froid parce que moins fluide, moins arrondit. Et pourtant,
Vromb machine vivante, mouvante, pensante. La machine se distrait...
Parfois le ton est à la liberté, comme
Klinikum, terrain de jeux d’une multitude de drones et ronronnements mats en tout genre. Le groove lourd et lent de
La rayure tente de percer sa coquille de vertige, tandis que
Non-réel s’étale de son ambient électrique comme une vague parcourant le sable de la plage. Et puis l’excellent
Perpendiculaire, rythmé et sirupeux, dans un style "vrombesque" ou les deux "générateurs", battis en briques de souffle, craquements et tension électro-magnétique, pourrait presque devenir soporifiques, tant ils inspirent le calme et le confort. Curieuses sensations...
Hugo Girard a manifestement une vision bien à lui de la musique expérimentale. En tout cas, celle-ci est honorable puisque communicative. Il suffit juste de se laisser aller. Pas de panique, la machine s’occupe de tout.
Chroniqué par
Yragael
le 04/10/2003