Que ce soit avec le projet Monade (Un Express sur Socialisme ou Barbarie : The Bedroom Recordings en 2003), en solo (Ceci est le cœur sur The Trip en 2010), en groupe avec le Laetitia Sadier Source Ensemble ou plus récemment avec Modern Cosmology (What Will You Grow Now? l’an dernier et le morceau du même nom), Laetitia Sadier défend depuis toujours l’amour sous ses formes multiples, dans une définition plutôt grecque que romane.
L’amour, oui, mais pas (que) l’amour de soi (The Inner Smile) : l’amour d’un monde meurtri, d’une amie en peine, d’un camarade écarté par les injustices, d’un enfant innocent, qu’il soit le nôtre ou pas, et bien sûr l’amour de l’autre, la personne que l’on se choisit comme partenaire de vie et dont l’attachement et les désirs parfois égoïstes teintent l’élan initial et pur (Don’t Forget You’re Mine).
L’artiste française déclare donc prendre le parti de l’amour avec ce Rooting for Love fort à propos. Dans un processus élastique de tension (La Nageuse Nue) et de libération (Protéïformunité), Laetitia Sadier construit son pamphlet profondément humaniste et fraternel d’une manière qui lui sied parfaitement (Who + What). Les mélodies électro-pop aux basses profondes donnent aux titres une profondeur rétro intemporelle qui atteint l’âme de façon inattendue (New Moon).
Entre français et anglais, Laetitia Sadier conclut son plaidoyer sur un Cloud 6 à la mélodie hypnotique (semblable au Contronatura de Stereolab), au texte fougueux et à la composition transpirant d’une colère sourde et profonde. Le « Cloud 9 » ou ses équivalents que sont le "septième ciel", le "nirvana" ou le "paradis", peuvent résonner comme des notions idylliques et parfois même un peu imaginaires, qui ne prennent pas en compte les réalités de l’amour humain, charmant, imparfait et maladroit, auquel l’humanité devrait plus embrasser pour aspirer à la paix et au bonheur partagé.