Comme un cri d’alerte venant du fin fond du cœur et de l’âme, le jeune rappeur, producteur et musicien Saba se permet sur ce second album d’attirer l’attention sur son histoire, son message : ceux d’un gosse de « Chi-City », élevé autant à la musique de Miles Davis qu’au phrasé aiguisé et intelligent de Common, et confronté aux troubles de sa vie.
On pourrait alors vouloir caser Tahj Malik Chandler de son vrai nom dans le même peloton que le leader actuel du genre, le charismatique Kendrick Lamar (LOGOUT). La comparaison allant même jusqu’aux lettres capitales utilisées sur les titres de son dernier album DAMN. Cependant, ce serait nier la forte part jazz qui émane de ce long format (GREY).
La composition instrumentale se veut comme celle d’un accompagnement pour un chanteur de slam (PROM/KING, CALLIGRAPHY) plus que pour un rappeur. Même si Saba sait rapper et le prouve encore après son Bucket List Project (LIFE, BROKEN GIRLS). L’ami de Chance the Rapper prend ici en gallon et se dirige vers une direction artistique plus personnelle et moins empruntée à celles de ses aînés (L’opener BUSY/SIRENS nous rappelle le morceau de fin Orange du groupe japonais D.A.N.)
L’occasion pour l’artiste d’exorciser ses démons de la meilleure manière qui soit : en musique. Une initiative qu’on salue et qu’on observera de très près, le temps pour le jeune homme de continuer à se construire une voie qui lui est propre dans le « rap game » actuel, tout en douceur et avec le SMILE.