Démarrer son nouvel album par une pièce faisant ouvertement référence à David Lynch est une décision si peu hasardeuse qu'elle ne devrait pas tomber dans l'oreille d'un sourd. Car si le morceau Inland Empire plante le décor en proposant une de ces bandes son de films imaginaires autant rêvés que cauchemardés, cette ouverture rappelle a fortiori Stars of the Lid, autre groupe qui avait par deux fois rendu hommage au cinéaste américain, du moins dans les titres de ses compositions (ici et là).
La comparaison ne s'arrête évidemment pas là car Willamette, qui livre ici son troisième album après les excellents Echo Park (2011) et Always in Postscript (2012), s'inscrit clairement dans la continuité du genre initié par le duo texan. Comme ces derniers, le groupe développe une musique ambiante puisant son identité sonore dans une forme de néo-classicisme vibrant et crépusculaire donnant autant d'importance aux mouvements qu'aux silences les séparant. Se téléscopent ainsi dans ces 9 compositions aux contours flous le souffle d'une instrumentation à base de cordes d'un côté et de l'autre des textures douces et granuleuses, le tout étant parfois traversé par des voix lointaines (At Length And Dead Horse) ou encore par de vieux mécanismes à bobines (End of a Good Discipline). Cependant, ce trio originaire de Washington a la modestie de ne jamais succomber à trop de grandiloquence et sait admirablement contenir l'ampleur quasi déflagratrice de ses morceaux dans des mouchoirs de poche n'excédant jamais les 4 ou 5 minutes.
Est-ce peut-être là le sens le plus juste à donner au titre de l'album. Car si Willamette offre, ici comme dans ses précédentes oeuvres, des pièces dites "diminuées" telles des miniatures ambient, c'est certainement pour mieux en révéler la beauté flottante et cette faculté à s'immiscer dans l'inconscient afin d'y rester plus durablement quand bien même celles-ci ne font que passer.
Chroniqué par
Romain
le 22/02/2016