Margaret Chardiet ou Pharmakon a grandit dans l'antre du Red Light District, une sorte de squat communautaire peuplé d'amateurs de musiques extrêmes. Pharmakon, son pseudonyme est, quand à lui, un concept antique difficilement explicable mais qui se résume en « un remède qui est aussi un poison ». En 2013, elle illustrait son premier opus, Abandon, à l'image d'une vanité : blancs tissus, fleurs, cuisses et larves. Bestial Burden, son deuxieme album, se montre tout aussi radical, honnête. Nouveaux concept, nouvelle histoire.
Le disque à été enregistré avec Sean Ragon de Lust for Youth, signé lui aussi sur le label Sacred Bones Records. Pharmakon, du haut de ses 23 ans, nous livre un nouvel ouvrage fort en symbolisme, qui peut parler à quiconque reflechit à la notion de vie ou de mort. Avec Bestial Burden, il y a des mots qui semblent inévitables mais que nous allons nous efforcer de taire. Il est difficile de parler d'une telle oeuvre, oeuvre qui glace le sang et qui fait claquer des dents. Il est plus aisé de ressentir, de se l'approprier et de metamorphoser le son en fantasme. Qu'on soit habitué ou non à ce genre de musique, elle se montre toujours aussi derangeante : rales, cris, sufoccations (Margaret Chardiet se serait enregitrée simulant l'étouffement) et taules qui claquent - l'enfer dans les oreilles. Bestial Burden et son incroyable jaquette ne font qu'attiser notre curiosité. Pourquoi de tels titres ? Les suffoquants Vacuum et Primitive Struggle, les déchirants Intent or Instinct, Body Betrays Itself, ou encore le médicinal Autoimmune.
En creusant, on se rend compte que la genèse bien particulière de Biestial Burden n'est pas pour rien à son ambiance sépulcrale. Pharmakon en parle d'ailleurs sans tabou. Elle nous raconte qu'elle fut hospitalisée d'urgence suite à la decouverte de kystes (bénin). S'en suit tout un réçit, allant de la séparation du corps et de l'esprit lors de l'anesthesie et du reveil, les trois semaines d'alitement. Mais aussi le fait d'être touché comme un vulgaire morceau de viande, la perte de contrôle. Elle aurait aussi assisté au décès de son voisin de chambre. Des instants, des anecdotes qui ont vraisemblablement precipité la conception de Bestial Burden.
Fidèle à son pseudonyme, Pharmakon alias Margaret Chardiet tricote une toile entre vie et mort, esprit et corps, lieu et nulle-part. Une pensée musicale étonnante, repoussante mais si fascinante, irrésistible ! Bestial Burden par Pharmakon, servit sur un plateau d'argent, est un festin pour les oreilles !
Chroniqué par
Thomas
le 27/10/2014