Si le dieu du rock avait demandé à ces quatre Australiens de quoi ils avaient besoin pour faire de la musique, ils auraient parlé sans hésitation de la réverbération. Ils en usent sans complexe de titre en titre. Obsession qui suffit à montrer que leurs multiples influences (psyché, kraut) sont pleinement unifiées dans un son qui leur est propre, son dominé essentiellement par la réverb et les envolées de la guitare fuzzy.
Le nouvel album de Blank Realm marque encore une nouvelle évolution dans ce jeune groupe. L'ensemble est plus classique, moins nocturne. Presque passe-partout. On peut l'écouter à chaque moment de la journée. Mais inutile d'aller plus loin, cette comparaison risquerait de dévaloriser inutilement cette nouvelle création des Spencer (Daniel, Sarah, Luke) et de Luke Walsh.
Entre l'effervescence autour de Tame Impala et le grand retour de Nick Cave, la scène de Brisbane n'a rien à envier aux cultures urbaines des grandes villes de l'hémisphère nord. Les gars de Blank Realm manient sans complexe un rock fiévreux. Une fièvre existentielle, les tourments de l'obsession, de la soumission, de l'incapacité à être soi traversent l'album. Et c'est bien parce qu'ils n'ont pas oublié la souffrance de l'adolescence que leur musique reste toujours aussi corporelle malgré un certain classicisme de Grassed Inn.
Dans ces conditions, il est difficile de départager les huit étapes de cette course proposée par le groupe australien. Post-Punk, Psyché, pop, peu importe. Ou plutôt si. De la fureur de Back To the Flood qui ouvre l'album au final Reach You On The Phone et sa pop sereine, c'est bien le même son et la volonté d'en découdre que l'on retrouve. Même les morceaux plus intimistes comme Bell Tower n'y échappent pas et retrouvent peu à peu l'ivresse de la guitare fuzzy. D'album en album, la violence urbaine n'en finit pas d'alimenter ce quator underground.
Chroniqué par
Patrice Vibert
le 26/02/2014