Sous le nom de
Monte Isola, la musicienne et plasticienne
Myriam Pruvot propose avec
Niebla une suite de six pièces entre field-recording et folk expérimentale. Conçu comme une sorte de carnet de bords, ce premier projet solo a été enregistré lors d’une expédition au Chili en 2012. Et durant tout le disque,
Myriam Pruvot laisse des traces plus ou moins importantes d’enregistrements de terrain : séquences au sein de la faune, bribes de conversation, ambiances familiales, etc.
Avec ce fonds sonore, rarement au premier plan,
Myriam Pruvot/Monte Isola compose une musique sensible, calme, mélodique ; une sorte de folk épurée et expérimentale où l’accompagnement peut être réduit à deux notes de guitare ou à un tom basse percuté sur un tempo lent, lourd et solennel. Le rapport entre musique et prise de son met surtout en avant les émotions de la musicienne à l’écoute de son expédition et des souvenirs de celle-ci. Mais au-delà, c’est lorsque les deux sources se confondent dans une interaction intime que les compositions deviennent intéressantes. Car souvent, instrument et prises de son se fondent l’un dans l’autre et s’enrichissent mutuellement. Seule la voix, que ce soit le chant lyrique, mélancolique et profond de
Myriam Pruvot, ou la lecture d’un texte de Deleuze par le cinéaste belge
Boris Lehman, émerge nettement. Une voix aux accents intimes et chaleureux, une voix blues qui contraste avec l’objectivité et la simplicité des accompagnements et des field-recordings.
Entre le blues, la folk, la musique électroacoustique et l’enregistrement ethnographique,
Niebla est un disque plutôt poétique et beau, mélodique et simple, mais aussi profond. Un disque assez singulier dans ses compositions (en partie je pense inspirées par
Julia Holter et
Michael Pisaro), et susceptible de convaincre de nombreux mélomanes habituellement hermétiques aux musiques expérimentales.
Chroniqué par
Julien Héraud
le 26/06/2013