Avec ce mini album
Gonjasufi brouille d’avantage les cartes. On a classé bien hâtivement
A Sufi and a killer, son premier album, dans le registre du hip hop tout en avouant de nombreuses influences (reggae, musique latine, pop 60s, musique orientale, musique électronique, funk et bande originale des films des années 70...). Mais à quoi bon mettre une étiquette quand il n’y a pas lieu d’en mettre une ?
Gonjasufi distille cette bouillie sonore, servie par une voix entre chant et spoken-word au charme fou. De quoi installer ce personnage iconoclaste dans le sillage de certaines formations toutes aussi barrées et singulières. On pense encore une fois à
Oslo Telescopic, à cette capacité de faire du beau avec du sale ou de l’élégant avec du brouillon. Ce premier album installa
Gonjasufi en tant que prophète d’un registre qui ne supporte pas une approche rectiligne de la musique. Ici on tranche, on shunte, on tord, on étire, on superpose. On ne cherche pas la beauté dans la forme, car on ne la découvre que dans le fond.
MU.ZZ.LE continue l’œuvre de cet illuminé dans un format court. Les titres sont dans le même registre, le plus long affichant un compteur à trois minutes cinquante quand la plupart d’entre eux dépassent à peine les deux minutes... Mais à quoi bon vouloir étendre la musique quand on touche le nirvana dès les premières secondes ? Et dans ce registre le monsieur n’est pas le plus empoté. L’enchainement extatique de
Nickels and Dimeset
Rubberband en est l’une des plus belles démonstrations.
Car le secret de
Gonjasufi c’est d’être happé dès les premières notes, pour n’en sortir qu’au bout de trente minutes. Car
MU.ZZ.LE est un album compact, tendu et riche. Difficile d’en interrompre le déroulé. L’œuvre est sublime à l’image de ce point d’orgue que représente
The Blame. Car une chose est sûr,
Gonjasufi nous livre une œuvre hypnotisante, offrant ainsi à son auditeur un dédale aux confins des contreforts de son être.