Une fille qui chante, ça peut donner le pire. Un peu comme Carla Bruni. Une fille qui chante, toute seule, en s'accompagnant d'une guitare, ça peut donner le meilleur, et sans le plastique. Comme Elena Tonra, qui sort sous le logique pseudonyme
Daughter un premier EP. Simplement composé de quatre chansons, la chanteuse s'approche déjà de la perfection.
Sans autre artifice qu'une légère réverbération. Une sensibilité rare. Une naïveté nécessaire. Quatre chansons lors desquelles Elena Tonra chante l'amour, forcément l'amour, parce qu'il n'y a pas de sujet plus sérieux.
Le bonheur de ce genre d'enregistrements, c'est leur pureté, malgré leurs défauts, parce qu'ils sont au plus près de la musique dans ce qu'elle a de plus sincère. Pas d'artifice, pas besoin d'artifice. Une voiture qu'on entend s'éloigner à la fin d'une chanson, du souffle en fond sonore. Les doigts qui accrochent très légèrement sur une note. Et le timbre de la voix rendu dans sa spontanéité. La musique folk, la musique pop, dans ce qu'elles ne devraient jamais cesser d'être.
Quatre chansons. Arpèges impeccables (
Your kisses,
In the shallows), un seul mot qui se suffit à lui-même (
Run), esquisse d'une orchestration qui dénature peut-être un peu, mais fait entendre aussi qu'il y a des idées derrière ce qui se montre spontané (
Tomorrow). Mais le cœur surtout que représentent
In the shallows et
Run : deux chansons émouvantes — les sentiments sans le sentimentalisme bon marché, la sincérité sans l'affectation de l'authenticité, la prétention à la vérité, mais sans la prétention, de beaux accents anglais.
Un premier essai, comme on dit. Non. Quatre bonnes chansons, dont trois simplement magnifiques.
N.B. EP est à télécharger à partir du site de l'artiste.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 16/02/2011