Terriblement monotone, mou au possible,
Ill Bill dépose avec
Kill Devil Hills le rap sous prozac. Pas évident d'être incisif quand on se traîne un quintal au derrière. Où est passé le
Ill Bill de
Glenwood Projects? Certes, il n'a jamais rien eu du talent de son frère
Necro, que ce soit en tant que producteur ou emcee. Mais il a pourtant cette qualité de ne sortir que des albums intéressants, que ce soit ses deux albums solos, ou avec ses groupes
Non Phixion,
La Coka Nostra ou le one-shot du
Circle of Tyrants.
Les beats de
Muggs sont pourtant bons. Mais est-ce utile de le préciser tant le beatmaker de
Cypress Hill est irréprochable depuis toutes ces années? La preuve en est que lorsque
Cypress sort son dernier album sans lui (
Rise Up), le résultat est dégueulasse. Également inutile de revenir sur sa marque de fabrique qui peut vite lasser les non-initiés (ses fameuses boucles inchangées sur l'intégralité du morceau). Au sortir d'un album produit par
Muggs, c'est la certitude d'avoir bougé la tête sur au moins le tiers des titres. Ici encore, les « banger » ne manquent pas :
Cult Assassin,
Illuminati 666,
Amputed Saint, ou encore le titre éponyme. Mais
Ill Bill n'en fait rien, si ce n'est nous servir ses théories du complot, véritable serpent de mer chez lui. En dehors de
Chase Manhattan (avec un bon
Raekwon) et en excluant le morceau hommage au mythique
Uncle Howie décédé récemment, il n'apporte pas grand chose. Cette méforme est d'autant plus flagrante lorsque les invités qui, hormis
B-Real, n'ont rien d'exceptionnels (quoi de plus quelconque qu'un
Sean Price, un
Vinnie Paz ou un
Sick Jacken?) se succèdent derrière lui.
Non, décidément, des 4 volets « album duo » de
Muggs, ne restera que le premier,
Grandmasters, avec
GZA (les 2 autres étant avec
Planet Asia et
Sick Jacken). Car malgré quelques réussites évidentes, ce
Kill Devil Hills reste avant tout indigeste et ne brille que par sa production, dans l'ensemble de qualité.
Chroniqué par
Lebowski
le 27/12/2010