Au cours d'
Opal Island, on a souvent l'impression que
Konntinent (autrement dit
Anthony Harrison) reprend les expérimentations de
Labradford là où elles en étaient restées il y a dix ans, avec l'album
Fixed::Contet. Le Britannique semble clairement renouer avec les climats très abstraits des compositions du trio américain et notamment avec leur son de guitare brumeux et lancinant. Chose étonnante quand son premier album donnait amplement dans les flux de drones ininterrompus.
Le changement est donc évident d'autant que pour enfoncer le clou, du chant fait son apparition sur certains titres. La lunaire
Dry Eyed par exemple est transcendée par la voix à fleur de peau de
Lisa Maddison. De quoi vous donner des frissons. Ailleurs, la voix planante d'
Harisson lui-même rappelle immédiatement les spoken words somnambuliques de
Mark Nelson et finit de rendre l'atmosphère d'
Opal Island totalement irréelle et fascinante. La filiation avec
Labradford est donc bien établie.
Opal Island est aussi logiquement tributaire de l'influence des artistes sonores
Taylor Deupree et
Ian Hawgood. Les deux sound-designers ont d’ailleurs chacun contribué à la création de l’album: le premier en signant la production, le second la pochette.
Opal Island fait alors la part belle à des arrangements électroniques fourmillant de détails, dessinant des paysages digitalisés à coups de micro-sounds et de field recordings intelligemment distillés.
Comme le fait d'ailleurs remarquer à juste titre
Ian Hawgood, là réside la fantastique ambivalence de la musique d'
Anthony Harrison. En effet, jamais il ne choisira entre les ballades aériennes sous psychotrope et les pièces sculpturales volontiers minimalistes, préférant noyer le tout dans une ambiance délicatement opiacée, transfigurée par un song-writing franchement illuminé.
Un album passionnant de bout en bout.