C'est à Berlin, où ce producteur québécois a élu domicile, que ce
Breaking The Fourth Wall a été fomenté. Berlin, formidable usine à tricoter de la musique "électroniquée", qui en a vu passer des tendances. Une ville où on se fout royalement des étiquettes. A ce titre, et bien d'autres surement,
Guillaume Coutu-Dumont semble s'y sentir comme chez lui, même s'il n'est pas du genre à mettre tous ses meubles dans la même Maison. Du moins c'est ce que nous laisse supposer l'écoute de ce deuxième opus, signé chez les toujours sémillants
Circus Company (
Ark,
Nôze,
My My,
Dj Koze...).
A mi-chemin entre les deux versants de la dance-music, celui tourné vers l'efficacité côté dancefloor, l'autre plus deep et mental côté salon, notre artiste se révèle redoutable sur tous les tableaux.
Entre raffinement esthétique - son credo c'est sûr ! - et hardiesses sensuelles, ce jeune producteur enfourne dans ce nouveau LP un trop-plein d'idées joyeusement bordélique, faisant entrer la Terre entière dans ses pénates, en toute simplicité, sans toucher au mobilier, chacune trouvant naturellement sa place.
Trois ans après ses premiers pas sur long format - un
Face à L'Est vraiment prometteur -
Guillaume se rappelle donc à notre bon souvenir, poursuivant son œuvre de rééducation de la house music. Sans se ménager.
En effet, dans son ouvroir berlinois, on cogite ferme, et sans la ramener s'il vous plaît : la virtuosité, quand elle a, à ce point largué les amarres de la vanité, est à ce prix. Seul maître à bord, il s'est une nouvelle fois tout permis. Les mouvements ambient (l'excellent
Unwelcome)se disputent le bout de basses bien grasses avec l'afro-beat (le moins réussi
Radio Novela), les envolées organiques (c'est percus à gogo !) côtoient quelques spectres soul plus synthétiques (
Hélicoptère).
Étirant ses morceaux au possible - sa marque de fabrique associée à ce goût immodéré pour les parties instrumentales et le live - les sortant de leur routinier 4/4 pour les rendre magnétiques (le fleuve
Discothèque) et fascinants (l'introductif
32 Tonnes de Pigeons et ses cuivres, bon sang quelle claque !), il parvient à faire basculer l'auditeur dans une sorte d'hypnose ludique. Un moment hors du temps où le moindre état cafardeux, les petites doses de spleen, gagnent prestement en exaltation.
Alors, quand au fil de l'écoute de ce
Breaking The Fourth Wall, surgissent des titres comme
Décennie, tellement classieux, ou encore le somptueux
On The Lips assortie de la voix de velours ahurissante de
Dave Aju, tout devient évident. Voilà juste l'illustration de la marche en avant d'un artiste porteur d'une classe insolente, maître d'un son flamboyant et ouvragé capable, c'est certain, d'enfoncer les plus solides barrières. De renverser n'importe quel mur. Une crisse de bonne musique ma foi !
Chroniqué par
Yvan
le 16/09/2010