Sur son deuxième album,
Rafael Anton Irisarri (en d’autre endroit
The Sight Below) a voulu documenter les paysages sauvages de la côte nord-ouest des Etats-Unis, un peu à la manière d’un journal intime. Car ces paysages il les connaît, il les a parcourus, il les a ressentis, lui qui habite Seattle dans l'état de Washington. Ces paysages ont également été rendus célèbres par Twin Peaks, la série culte de
David Lynch. Elle a été tournée dans la région et particulièrement dans la ville qui donne son nom à l’album :
The North Bend.
Musicalement,
Irisarri part d’un socle très néoclassique. Ceux qui ont écouté son premier album,
Daydreaming, le savent : le piano y jouait le rôle principal. Sur
The North Bend, l’Américain noie les réminiscences modern classical de ses premiers essais sous d'amples nappes de cordes. On y trouve ainsi figurés des vents violents balayant des plaines et des forêts de pins, les vagues de l'océan pacifique venant s’écraser sur des roches acérées ou simplement des paysages naturels silencieux et tout à fait indifférents à la présence humaine.
La sensation d’espace qui se dégage de chacune des compositions de
The North Bend est colossale. En cela, la production est fantastique, particulièrement au niveau du traitement des guitares. Celles-ci baignent dans une aura très spectrale et immatérielle et paradoxalement, elles font preuve d’une telle puissance qu’on a l’impression qu’une force gigantesque enveloppe tout notre corps. Enfin à l’instar d’un
William Basinski,
The North Bend se déroule dans un rappel perpétuel de thèmes majestueux, et ce jusqu’à désintégration du propos initial, jusqu’à la catharsis.
Au final,
The North Bend n’est certainement pas un album novateur, ni celui qui vous fera oublier les travaux de
Tim Hecker, mais
Irisarri réussit son pari. En quarante minutes, il vous transporte ailleurs que chez vous.